Justice en Roumanie : le coup de grâce ?
Le Parlement roumain a adopté lundi soir une modification controversée des procédures pénales. Les détracteurs de l'initiative craignent qu'elle ne favorise le chef de file du Parti social-démocrate (PSD) au pouvoir, Liviu Dragnea, visé par des enquêtes pour corruption. Les médias roumains mènent la charge.
La valse des corrompus
Sur le portail Adevărul, l'écrivain Ancelin Roseti voit une tentative du gouvernement de légaliser la corruption :
«Depuis un an et demi, nous assistons à un spectacle unique au monde, dans lequel la coalition, formée du PSD et de l'ALDE s'obstine à amender des lois et à en créer de nouvelles, afin de saper la justice plutôt que de la renforcer. Au nom de la 'démocratie' et du 'bien' du peuple, ces soi-disant politiques s'efforcent de légaliser le vol, de légitimer la corruption et de démanteler la justice. ... Il n'est pas exclu que l'on entende bientôt que pour traiter le mal à la racine, il a été décidé de ne plus évaluer les lois en fonction de leur légitimité.»
Les criminels auront la belle vie
Dans Ziare, la chroniqueuse Ioana Ene Dogioiu évoque les effets dramatiques de ces lois :
«La durée des enquêtes pénales sera limitée à un an ; une fois ce délai expiré, elles seront suspendues. Or dans les affaires où les coupables ne sont pas connus - qu'il s'agisse de meurtre, de vol, de viol ou de pédophilie - il faut souvent des années avant qu'un indice ou un élément n'amène à interpellation d'un suspect. ... Si par exemple l'unique preuve d'un crime est une vidéo prise avec un téléphone portable, celle-ci ne sera pas exploitable en justice. ... Si un voisin filme avec son téléphone portable des actes de vandalisme commis sur votre véhicule, autant la garder en souvenir, car elle n'aura aucune autre valeur. ... Si l'UE, suite à cette attaque contre la justice, devait sévir davantage contre notre pays, ceci se traduirait au moins par une réduction des fonds européens.»