Gilets jaunes : un mouvement qui s'essouffle ?
Lundi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a appelé à lever les blocages. De sources officielles, seuls 33.000 manifestants se seraient mobilisés le week-end dernier au niveau national. Si certains chroniqueurs sonnent déjà le glas du mouvement, d'autres ne perdent pas espoir qu'il trouve un second souffle.
Un mouvement voué à l'échec
Dans The Independent, le philosophe Slavoj Žižek s'interroge sur les objectifs des gilets jaunes :
«En dépit des revendications et du mécontentement exprimés, il semble clair que les contestataires ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent ; ils ne savent pas quel type de société ils veulent, juste un magma de revendications impossibles à obtenir dans le cadre du système, mais qu'ils adressent néanmoins à ce même système. ... Imaginons une seconde que les manifestants, d'une manière ou d'une autre, l'emportent, prennent le pouvoir et agissent dans le cadre du système actuel, comme Syriza l'a fait en Grèce. Qu'adviendrait-il alors ? Probablement une sorte de catastrophe économique.»
Macron contraint de changer de cap
Dnevnik estime que la contestation est en nette perte de vitesse :
«Le mouvement des gilets jaunes est probablement en train de prendre lentement fin. D'un côté, parce que la taxe sur les carburants a été gelée et la hausse du salaire minimum obtenue, de l'autre parce que l'attaque terroriste de Strasbourg a occulté les évènements. Mais la grogne est toujours là, et même l'Elysée semble en être conscient. C'est pourquoi, dans la perspective notamment des européennes, le gouvernement a changé de cap et annoncé vouloir accorder davantage d'importance aux questions sociales dans la politique européenne. Une initiative qui pourrait remettre aussi en cause la limite de trois pour cent du déficit budgétaire.»
Canaliser la colère jaune
Frankfurter Rundschau recommande aux gilets jaunes de revoir leurs objectifs :
«Il est incohérent de réclamer des réductions d'impôts tout en demandant plus d'aides sociales. Revendiquer le départ de Macron n'est pas constructif tant que l'on ne sait pas ce que l'on veut ou qui l'on veut à la place. Il est également nécessaire de prendre position par rapport aux tentatives de récupération par l'extrême droite, mais aussi par les populistes de gauche. Le mouvement a fait descendre dans la rue des personnes qui n'avaient jamais manifesté par le passé. Il serait dommage que la colère jaune dégénère dans le chaos. Car ce mouvement a une fonction.»