COP26 : les paroles seront-elles suivies d'actes ?
L'ouverture de la 26e conférence mondiale sur le climat a été le théâtre d'appels vibrants lancés par les chefs d'Etat et de gouvernement. Les Etats-Unis se sont engagés à respecter leurs objectifs climatiques. L'Allemagne a préconisé une tarification du carbone au niveau mondial. L'Inde se fixe comme objectif la neutralité carbone à l'horizon 2070. La presse rappelle que l'heure n'est plus aux déclarations d'intention.
La bataille du climat a commencé
La Repubblica explique pourquoi l'annonce de l'Inde est un camouflet pour l'Occident :
«Il serait trop simple de minimiser la chose comme la manifestation d'un nationalisme qui veut marquer des points à domicile en jetant la pierre à l'Europe et à l'Amérique. ... Les paroles sont aussi le fruit d'une stratégie ancrée dans des siècles de tensions sanglantes, violentes et jamais résolues entre les nouvelles puissances économiques orientales et leurs anciens colonisateurs. Avec son annonce de Glasgow, le Premier ministre d'un pays-continent de 1,3 milliard d'habitant prend la tête d'un bloc émergent dans la bataille du climat, dans laquelle les pays en développement pointent l'hypocrisie de l'attitude occidentale.»
Il nous faut des chiffres concrets
Dans le journal économique Naftemporiki, la journaliste Efi Triiri lance un appel :
«Les efforts fournis à ce jour ne sont pas suffisants. Nous avons besoin d'une feuille de route détaillée pour réduire les émissions, de rapports annuels de tous les grands groupes, mais aussi d'une réforme du système financier, avec des évaluations continues des réserves bancaires, dans la transparence et la responsabilité. Il faut que les gouvernements et le secteur privé investissent des centaines de milliards. Et que chacun ne soit pas jugé sur la base de ses déclarations, mais des chiffres qu'il présente : le financement de la transition, les quantités de polluants, les réductions d'émissions et le calendrier défini pour l'abolition des émissions, qui doit être adapté continuellement. Des chiffres concrets, pour étayer une durabilité réelle et dont on a un besoin urgent.»
Nous entrons dans le vif du sujet
C'est une bonne chose qu'après leur sommet du G20, ceux qui sont à l'origine de la crise climatique se retrouvent face à ceux qu'elle frappe de plein fouet, lit-on dans Süddeutsche Zeitung :
«Certains d'entre eux ont déjà les pieds dans l'eau. D'autres ont essuyé qui des sécheresses, qui des inondations, qui des cyclones. D'autres encore se demandent comment ils sont censés réussir un développement économique quand des secteurs classiques comme l'agriculture sont menacés dans leur existence, ou que des canicules rendent la vie ou les activités difficiles. ... Les choses se présentent sous un nouvel angle quand les victimes et les responsables se parlent. C'est l'avantage de cette conférence sur le climat, car les 172 autres pays ne se contenteront pas des déclarations insipides et évasives que le club du G20 leur a servies.»
Une source de guerres froides
Si la communauté internationale ne parvient pas à adopter des mesures communes, de graves conflits pourraient se déclarer, prévient l'ex-ministre des Affaires étrangères britannique William Hague dans The Times :
«Jusqu'à présent la question était la suivante : 'Comment nos relations avec d'autres Etats peuvent-elles permettre de lutter contre le changement climatique' ? Or aujourd'hui, la question se pose en d'autres termes : 'Comment la lutte contre le changement climatique influence-t-elle nos relations avec d'autres Etats ?' La réponse, déprimante, c'est qu'un monde dépourvu d'accords crédibles et de mesures de protection climatique sera un monde plus fracturé, plus divisé et plus dangereux.»
Pékin suit sa propre feuille de route
Si la Chine est absente, elle n'en suit pas moins une stratégie claire, estime Corriere della Sera :
«Xi interprète le défi écologique en termes géostratégiques, comme une course dont le vainqueur dominera les technologies du futur. La Chine dispose déjà de l'hégémonie mondiale dans le domaine des panneaux solaires, de l'énergie éolienne et des batteries électriques ; elle aspire à ériger un semi-monopole sur les terres rares et les métaux indispensables à la production de véhicules électriques. Elle poursuit des projets ambitieux en matière de nucléaire, qu'elle considère comme une énergie renouvelable. ... L'absence de Xi du G20 et de la COP 26 trahit son mécontentement quant aux sermons ou aux propos apocalyptiques tenus par les chancelleries occidentales.»
Nous sommes tous responsables
Expresso publie l'appel lancé par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à l'ouverture de la conférence :
«Tous les pays doivent prendre conscience que le modèle de développement traditionnel fondé sur la combustion de carbone signe un arrêt de mort pour leurs économies et pour notre planète. Nous devons décarboniser dès maintenant, dans tous les secteurs et dans tous les pays. Subventionner non plus les combustibles fossiles mais les énergies renouvelables. Taxer la pollution et non les populations. Imposer les émissions de carbone et réinvestir les fonds dans des infrastructures et des emplois résilients. Et nous devons abandonner progressivement le charbon. ... Les citoyens attendent - à juste titre - de leurs gouvernements qu'ils montrent la voie. Mais il incombe à chacune et chacun d'entre nous de préserver notre avenir collectif.»
Attendre voir ce que concède le voisin
Le HuffPost déplore l'attentisme délétère des participants :
«Chaque pays va tenter de donner un peu tout en conservant ses atouts : un pays grand producteur de charbon (comme la Chine) ne va pas proposer de réduire son exploitation, afin de ne pas ébranler son marché du travail. Chacun tente donc, à la table des négociations, de se préserver, tout en guettant les avancées éventuelles de ses voisins, avant de décider ou non de les suivre. Résultat, des promesses, mais surtout des réalisations, bien trop timorées face à l'enjeu.»
Sans volonté politique, le climat est voué à péricliter
Pravda est lui aussi inquiet quant à l'issue de la conférence à Glasgow :
«Il y a deux ans, les politiques, les multinationales et l'opinion publique conseillaient à une certaine jeune fille suédoise en colère de retourner à l'école et de laisser aux experts le soin de gérer la menace du réchauffement climatique. Aujourd'hui, ils se tiennent cois dans le meilleur des cas, ou ils continuent de défricher la forêt tropicale amazonienne dans le pire des cas. A Glasgow, il sera question d'une 'menace existentielle'. Mais il ne faut pas s'attendre à ce que les premiers responsables de la pollution industrielle inversent la tendance. Nous devons prendre à cœur les paroles que le pape a adressées à la conférence et engager des changements radicaux.»
Un besoin d'optimisme
Pour réussir, la cause du climat doit être portée par l'optimisme, fait valoir De Morgen :
«Les gouvernements doivent mettre en œuvre des politiques pour traduire dans les faits les nobles intentions [de l'UE]. Ils ont très peur de se heurter au refus des citoyens. Dans chaque pays et chaque province, une formation populiste est dans les starting blocks, prête à bondir pour exploiter la grogne. La crise énergétique actuelle et l'inflation qui en résulte peuvent être considérées comme des tests. Car si les gouvernements ne réussissent pas à convaincre leurs citoyens qu'ils sauront les protéger des immenses risques financiers et économiques d'une transition énergétique, la confiance dans sa réussite fondra comme la calotte glaciaire des pôles.»
Faire cesser les discours apocalyptiques
Des mesures tardives ou modestes pour limiter le changement climatique valent mieux que pas de mesures du tout, souligne The Irish Times :
«Mais si nous présentons les choses comme si la COP26 était l'ultime occasion de redresser la barre, nous risquons de sceller son échec avant même qu'elle ait commencé. A la place, nous devrions la considérer comme la dernière étape en date vers un monde moins pollué et plus durable. Définir la COP26 comme notre dernière chance, c'est se méprendre sur la nature du défi climatique. Il n'y a jamais de dernière chance, de bord du précipice, de point de non-retour. Chaque millième de degré de réchauffement a son importance. Chaque tonne de gaz à effet de serre a son importance. Chacune des mesures que nous prenons, ou que nous ne prenons pas, a son importance.»
Le seul moyen de faire bouger les lignes
Les cyniques affirmant que le sommet est une perte de temps se trompent, juge The Economist :
«En ratifiant l'accord de Paris, tous les signataires s'engageaient à limiter à 2 degrés la hausse de la température de la Terre par rapport à la température du milieu du XIXe siècle. A Glasgow, de nouveaux engagements seront pris. ... L'importance de la Convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques (CCNUCC) et de la COP réside avant tout dans le fait que les scientifiques, les diplomates, les militants et les opinions publiques qui portent cette mission constituent le meilleur mécanisme dont le monde dispose actuellement pour acter une vérité fondamentale : le rêve d'une planète de huit milliards d'habitants vivant dans le confort matériel sera irréalisable s'il repose sur une économie alimentée par le charbon, le pétrole et le gaz.»
Pouvoir évaluer le bilan carbone des entreprises
Dans Les Echos, l'économiste Hélène Rey préconise l'adoption d'un système unitaire pour évaluer la nocivité climatique des entreprises :
«Un progrès important pourrait bien venir du côté de la mesure des émissions de CO2 des entreprises. Pour qu'un marché fonctionne, pour que les investisseurs allouent leurs capitaux aux entreprises les plus vertueuses, il faut connaître leurs émissions directes et indirectes. La fondation IFRS, organe de contrôle de l'IASB [Bureau international des normes comptables], pourrait bien annoncer la mise en place d'un organisme jumeau de l'IASB, dont le mandat serait d'assurer la transparence et la comparabilité des mesures d'émissions directes et indirectes des entreprises sur un périmètre le plus grand possible.»
Ne pas creuser le fossé entre riches et pauvres
Sur la question des énergies renouvelables, l'Europe doit veiller à ne pas brusquer le reste de la planète, fait valoir Právo :
«L'Occident souhaiterait que les pays en développement prennent eux aussi fait et cause pour la transition énergétique. Car ces pays, avec leur croissance économique, participent eux-aussi aux émissions de gaz polluants. Or ceux-ci peuvent à juste titre s'interroger sur l'efficacité, la fiabilité et le coût des renouvelables. … Des prix de l'énergie élevés peuvent déclencher des bouleversements politiques, être une source d'instabilité et creuser un peu plus le fossé entre parties riches et pauvres de la planète.»
Soutenir les pays en développement
Pour la correspondante de Kathimerini aux Etats-Unis, Katerina Sokou, le rôle de l'Europe dans la réussite de la COP 26 à Glasgow est secondaire :
«L'UE a beau déterminer l'ordre du jour en prônant une transition énergétique rapide, c'est la contribution des Etats-Unis qui sera décisive. Parce que les Etats-Unis sont le deuxième plus grand émetteur au monde, mais aussi parce qu'ils peuvent inciter, par émulation, les autres grandes économies - Chine, Russie et Inde - à adopter les mesures requises pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris. Indépendamment des intérêts géopolitiques, cela simplifierait les choses que les pays industrialisées, une fois leurs propres objectifs atteints, s'engagent à allouer annuellement 100 milliards de dollars à la transition énergétique des pays en développement.»
Obnubilés par la croissance
Dans Krytyka Polityczna, la militante pour la protection du climat Dominika Lasota critique le rôle de la Pologne en matière de politique climatique :
«Le gouvernement polonais est du côté de ceux qui bloquent systématiquement l'élaboration d'une politique climatique, quelle qu'elle soit. Nous sommes un des pays d'Europe les plus dépendants du charbon et notre centrale de Belchatow est une des plus grandes menaces pour le climat sur le continent. ... Ce n'est pas un hasard si les choses sont ce qu'elles sont. La Pologne vit à l'ère du 'boomer-cène', une ère où nos dirigeants ne pensent qu'en termes de profit et de croissance, sont obnubilés par leur popularité et leurs combines politiques à la petite semaine. Ils créent un système qui déstabilise notre climat, pousse des écosystèmes fragiles au bord de l'effondrement, exacerbe la concurrence et l'oppression.»
Le sabotage comme seul recours
Dans sa chronique pour NRC Handelsblad, le politologue Kiza Magendane s'interroge sur l'utilité d'un nouvel accord :
«Dans l'ordre mondial capitaliste dans lequel nous vivons, les élites qui nous gouvernent sont passées maîtres dans l'art de rédiger de fabuleux contrats pour ensuite, sans rougir, ne pas en tenir compte. ... Si pendant des décennies, les institutions ne sont pas parvenues à venir à bout d'une des plus grandes menaces existentielles pour la survie d'êtres vivants, ne faut-il pas remettre en cause leur existence ? ... Dans son ouvrage implacable intitulé 'How to Blow Up a Pipeline', Andreas Malm défend la thèse selon laquelle le sabotage est la stratégie la plus logique pour le militantisme climatique. Rien ne met plus en alerte les élites pro-énergies fossiles que de voir leur propriété fossile partir en flammes.»
Aux premières lignes de la protection du climat
Selon de nouvelles modélisations effectuées aux Pays-Bas, le niveau de la mer du Nord montera plus vite que prévu. De Volkskrant tire la sonnette d'alarme :
«Les Pays-Bas sont une des premières victimes du changement climatique. Dans la lutte mondiale pour le climat, la logique voudrait que les Pays-Bas jouent un rôle de pionnier. Or à ce jour, on constate plutôt le contraire. En Europe, les Pays-Bas sont l'un des plus grands émetteurs de CO2. ... Pour ne pas s'avouer vaincus, de plus en plus de politiques, surtout de droite, rêvent de mesures d'adaptation au changement climatique. ... Nous pourrions par exemple construire une immense île dans la mer du Nord pour protéger notre littoral. ... Il serait bon que la fierté nationale s'attache aussi à améliorer la durabilité de l'économie néerlandaise.»
Enseigner la crise climatique à l'école
Les programmes scolaires actuels ne préparent pas suffisamment les élèves au changement climatique, estime The Independent :
«La crise climatique nous affectera tous, que l'on soit entrepreneur du bâtiment ou banquier, aide-soignant ou pharmacien. L'éducation sur le climat doit donc être incorporée dans tous les programmes, et sous une forme qui soit accessible à tous. Cette mission devra être enrichie de connaissances sur les stratégies pour arrêter ou freiner l'état d'urgence climatique et la crise écologique, assurer la justice climatique et accompagner les élèves chez qui la situation environnementale et climatique est une source d'anxiété - une souffrance que l'éducation climatique contribuera à atténuer.»
L'UE, protagoniste majeure de la politique climatique
Dans El Confidencial, l'historienne Susi Dennison, du think-tank European Council on Foreign Relations, appelle l'UE à prendre la mesure de son leadership :
«L'UE a une longueur d'avance sur la plupart des autres pays en matière de transition énergétique. Elle peut montrer le bon exemple, servir de relais et monnayer son expérience. ... L'UE n'est pas encore un poids-lourd géopolitique comparable aux Etats-Unis. Elle n'est pas en mesure de mettre à profit tous les aspects de sa puissance économique pour appuyer sa position dans les négociations de la COP26. ... La puissance climatique européenne, en revanche, est en mesure de produire des changements à un niveau plus mécanique, notamment grâce à ses interactions avec d'autres pays.»
Le rôle clé de l'UE
Dans une tribune au journal Le Temps, Connie Hedegaard, ex-commissaire européenne chargée des questions climatiques, souligne elle aussi le rôle clé qui revient à l'UE :
«Si la COP26 entend occuper sa place légitime dans l'histoire en célébrant le moment où le monde a vraiment décidé de collaborer en vue de répondre à notre plus grande menace existentielle, alors l'UE doit se lever pour montrer l'exemple. L'UE est le bloc commercial le plus riche du monde, sa force diplomatique la plus établie et son principal exemple du pouvoir de tolérance et d'équité. A moins de jouer un rôle clé, la COP26 va échouer. Chacun, partout dans le monde, va en bénéficier à condition que l'UE, ses dirigeants et ses mécanismes diplomatiques agissent dès à présent pour éviter le désastre et obtenir la victoire pour une action climatique mondiale, inclusive et ambitieuse.»
Une transition délicate
Ces objectifs climatiques ambitieux seront difficiles à mettre en œuvre, prévient Corriere del Ticino :
«Les aléas de la disponibilité des énergies renouvelables ne garantissent pas un approvisionnement électrique continu et nécessitent des investissements considérables, qu'il faudra financer. L'Allemagne, par exemple, a dû se rabattre sur les centrales au charbon, très polluantes, pour éviter les coupures de courant. Compte tenu de cette impasse, il n'est pas étonnant que l'on ait de nouveau recours aux centrales au gaz ou aux centrales nucléaires. ... De nombreux pays, de la France au Royaume-Uni en passant par la Chine et l'Inde, ont décidé de miser sur l'atome pour accomplir leur transition énergétique.»
Les lobbys freinent des quatre fers
Ceux qui prétendent que les énergies renouvelables ne suffisent pas à couvrir les besoins énergétiques sont des menteurs, réplique Il Manifesto :
«En plus de s'avérer suffisantes, les énergies renouvelables sont aussi moins onéreuses. Si aucun pays n'a encore décidé d'opérer la transition en vue de parvenir dans quelques années à une couverture énergétique assurée à 100 pour cent par les énergies renouvelables, c'est parce que de nombreux intérêts s'y opposent. ... En Italie, ce sont les intérêts des actionnaires [du groupe énergétique] ENI, qui souhaitent prolonger l'exploitation des centrales au gaz, sources de leurs dividendes. ... En Allemagne, ce sont les intérêts de ceux qui profitent des contrats pharamineux conclus avec la Russie. En France, ce sont les intérêts liés au plus grand réseau de centrales nucléaires d'Europe.»
Le greenwashing des municipalités
Copenhague entend devenir la première ville 'zéro émission' d'ici trois ans. Dans ce but, elle installe éoliennes et panneaux solaires dans d'autres communes et enregistre à son actif les gains en termes d'émissions - alors que les municipalités sur le territoire desquelles se trouvent les dispositifs incluent aussi ces gains dans leurs bilans carbone. Jyllands-Posten critique ce qu'il qualifie de fraude :
«En économie, on parle de 'greenwashing' lorsque des entreprises veulent se donner une image plus écologique qu'elles ne le sont vraiment. ... Lorsque quatre municipalités s'arrogent les mêmes mérites de façon délibérée, elles se rendent coupables d'une supercherie climatique, car aucun des élus n'évoque la question des bilans carbone trafiqués. ... Les municipalités n'étant visiblement pas en mesure de produire un décompte précis des émissions de CO2, il faut que le Parlement intervienne et veille à ce que le bilan climatique des communes soit correct.»
Insuffisant
Les révélations du rapport environnemental de l'ONU n'incitent pas à l'optimisme, juge Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«Les politiques annoncent des objectifs de décarbonation à long-terme, mais dans les faits, la politique des gros pays émetteurs notamment prévoit une forte hausse de l'extraction des carburants fossiles et de leur combustion. Quelle farce ! Dans le rapport sont nommés, entre autres, l'Australie, la Russie, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis. L'Allemagne productrice de charbon n'est pas épargnée non plus. ... De nombreux citoyens sont sceptiques, de nombreux gouvernements sans leadership - pour des raisons politiques. Ce n'est pas de cette façon que l'on réduira au minimum nécessaire le réchauffement de la planète.»
Un manque de volonté
Ce que les Etats ont annoncé jusque-là n'est pas de bon augure, critique également Irish Examiner :
«La possible absence du chef de l'Etat chinois Xi Jinping à la COP26 risque de compromettre les chances de succès du sommet quant à l'élaboration de nouveaux objectifs encore plus stricts. Les émissions de la Chine dépassent celles de tous les pays développés réunis. ... Avant le début de la conférence, moins de la moitié des pays du G20 avaient déjà publié leurs objectifs climatiques, c'est-à-dire leur contribution nationale pour la réduction mondiale des émissions. Reste à espérer qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle forme de surenchère politique, comme on le voit souvent sur la question du réchauffement climatique.»
Une économie engagée sur la bonne voie
Avec de nouvelles incitations pour réduire les émissions de CO2, ce sommet pourrait avoir des retombées positives comme celui de Paris en 2015, estime The Times :
«Le secteur automobile, par exemple, a réorienté la quasi-totalité de ses investissements sur les véhicules électriques. L'industrie sidérurgique mondiale s'est fixé l'objectif clair du 'zéro émission nette' d'ici 2050. Et le secteur financier refuse de plus en plus de financer des entreprises ne disposant pas de plans précis de réduction des émissions. Le sommet peut faire beaucoup pour accélérer ce processus. Tout comme l'accord de Paris avait déclenché une vague d'investissements dans les technologies vertes telles que l'éolien et le solaire, des engagements solides à Glasgow donneraient aux entreprises la confiance nécessaire pour investir dans de nouveaux projets. »
Le vieil homme et la mer
Le président américain Joe Biden serait prêt à annuler une grande partie des investissements dans les énergies vertes en raison de la pression exercée dans ses propres rangs. Un mauvais présage, juge Corriere della Sera :
«Dans les couloirs du Congrès à Washington, certains se plaisent à comparer Biden à Santiago, le protagoniste du roman Le vieil homme et la mer, d'Hemingway. Un jour, le vieux pêcheur aguerri fait la plus grosse prise de sa vie. Il attache le poisson à la coque de son bateau mais ne parvient à ramener qu'une gigantesque arête sur le rivage, les requins ayant dévoré en mer toute la chair. Le gros poisson de Biden, c'est l'enveloppe de 3 500 milliards de dollars, une intervention publique sans précédent dans l'histoire du pays. Les requins dans l'histoire ? Cela ne fait aucun doute pour la gauche, il s'agit des sénateurs [démocrates] Joe Manchin et Kyrsten Sinema. »
L'espoir demeure, celui d'un miracle
Bert Wagendorp, chroniqueur à De Volkskrant, fustige l'action des dirigeants internationaux :
«Le principe est le même que celui privilégié par les paysans néerlandais : les mesures climatiques, c’est bien, mais pas au détriment de nos revenus. Résultat, rien ne bouge - ou du moins, trop peu de choses évoluent. Les incendies de forêt et les inondations sont de plus en plus fréquents et tout le monde en connaît les causes. Mais nous vivons dans le déni, les conséquences à long terme paraissant inimaginables. ... Peut-être faut-il qu'il se produise une véritable catastrophe - l'engloutissement de New-York par exemple - pour que tout le monde se réveille. ... L'espoir d'un changement subsiste. Mais au rythme où vont les choses, ce sera seulement l'espoir que se produise un miracle.»