Transit vers Kaliningrad : la Lituanie tient bon
A l'issue d'âpres négociations, la Commission européenne et la Lituanie n'ont pas réussi à s'entendre sur une nouvelle directive relative au contrôle de marchandises frappées par des sanctions transitant entre la Russie et l'enclave russe de Kaliningrad. Le second niveau de sanction sur le transport de marchandises est donc entré en vigueur dimanche. La Lituanie a restreint le transit depuis la fin juin. Les commentateurs conseillent de garder son sang froid.
Le plus grand danger serait de courber l'échine
La peur est mauvaise conseillère, alerte Delfi :
«Les Russes n'ont pas déclaré la guerre [à la Lituanie] quand les avoirs de sa banque centrale, des centaines de milliards de dollars, les villas et les yachts de ses dirigeants et de ses hobereaux régionaux ont été confisqués. Et ils ouvriraient les hostilités pour un sac de ciment ? Si la Russie veut attaquer, pour tel ou tel motif, grand bien lui fasse. La Lituanie n'a pas le choix. Elle doit faire appliquer les restrictions au transit de marchandises. C'est la seule politique pragmatique et qui garantisse notre sécurité. Nous laisser guider par la peur mettrait mille fois plus en péril notre sécurité qu'interdire le transport de ciment, de métaux ou même de vodka vers Kaliningrad. Car notre peur aiguillonnerait l'agresseur.»
N'entrons pas dans le jeu de Poutine
L'UE doit clairement faire bloc avec la Lituanie, préconise Handelsblatt :
«Faute de quoi elle risque premièrement de contrarier ses membres, dans les Etats baltes et en Europe de l'Est, qui appellent depuis longtemps déjà à ne faire aucune concession au chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine. ... Deuxièmement, l'UE s'expose au risque d'être perçue comme remplissant le rôle que le Kremlin veut lui imposer, dans le scénario inventé d'un début de 'blocus' de Kaliningrad par la Lituanie. Dans les faits, il n'y a pas de blocus : la Russie peut encore livrer par voie maritime les produits sous le coup de sanctions, et les denrées alimentaires, les médicaments, de même que beaucoup d'autres marchandises, ne sont pas concernés par le blocage. Troisièmement, des failles qui se dessinent clairement dans le front uni de l'UE feraient le jeu de Poutine.»
Répondre au blocus par un blocus serait nuisible
En guise de représailles, le chargé d'affaires russe en Lituanie a brandi la menace d'un blocus du transport de marchandises à destination de l'UE transitant par la Russie. Dans Kommersant, l'experte en logistique Natalia Skorlyguina juge la mesure contre-productive :
«A mon avis, prendre l'initiative d'interrompre le transit de marchandises à destination de l'UE en provenance de Chine reviendrait à se tirer une balle dans le pied. ... La Russie a tout à y perdre : le transport maritime n'aurait aucune difficulté à absorber le volume dérisoire d'un million de conteneurs EVP qui transitent actuellement par le rail. D'autant que le coût du transport maritime est bien plus intéressant qu'il y a un an. ... Et ces contrats seraient décrochés par ces armateurs qui se sont retirés de la Russie en mars. Sans compter que le transit ferroviaire est une source de devises.»