Macédoine du Nord : vers le retour des litiges ?
Après la victoire du parti ultraconservateur VMRO-DPMNE aux élections législatives et présidentielle en Macédoine du Nord, la nouvelle présidente, Gordana Silianovska-Davkova, a ravivé la querelle sur le nom du pays. Lors de sa prestation de serment, elle a refusé la dénomination officielle "Macédoine du Nord", conformément à l'accord passé avec la Grèce, et utilisé l'ancien nom de "Macédoine". Les chroniqueurs appellent les pays de la région à privilégier la raison.
Des difficultés en perspective
L'OTAN et l'UE doivent s'attendre à de nouveaux problèmes, craint le service roumain de RFI :
«Pour la Macédoine du Nord, résilier l'accord entraînerait le blocage de son processus d'adhésion à l'UE, mais cela placerait également l'OTAN devant un dilemme : comment procéder avec un pays qui a été intégré sur la base d'un accord international qu'il ne reconnaît plus aujourd'hui ? ... L'UE pourrait être confrontée à un nouveau foyer d'instabilité, et ce dans sa propre arrière-cour.»
Se garder d'attiser le nationalisme du voisin
Kathimerini fait la mise en garde suivante :
«Silianovska semble avoir pris le risque d'écouter ce que son cœur lui dictait, plutôt que de faire ce que son nouveau mandat requérait d'elle. Il lui faudra bientôt avaliser les révisions constitutionnelles - donnant raison à la Bulgarie et entreprises avec l'accord de l'Europe - qui reconnaissent la minorité bulgare de Macédoine du Nord. Or la nouvelle présidente et son parti sont opposés à cet accord également. ... Les signaux émis par la nouvelle présidente à Skopje sont tout saufs optimistes. ... Athènes, pour sa part, devra éviter de réagir à brûle-pourpoint et d'attiser la ferveur nationaliste de la nouvelle administration du pays voisin.»
La responsabilité de Mitsotakis
Dans Efimerida ton Syntakton, le professeur de philosophie politique Theodoros Georgiou commente :
«Les derniers développements dans les relations entre Athènes et Skopje sont funestes. ... L'action du gouvernement Mitsotakis depuis 2019 est responsable de l'effondrement de l'accord de Prespa - l'évolution politique, telle qu'est définie dans l'accord, n'a pas avancé. Aucun des trois mémorandums qui en découlent n'ont été signés. Lors de sa prestation de serment, la présidente de la Macédoine du Nord, Gordana Silianovska, a donc logiquement poussé un cri de désespoir face aux négligences du Premier ministre grec. Espérons que les ratés dans la mise en œuvre de l'accord placeront les directions des deux Etats devant leurs responsabilités - nationales et internationales.»