Berlin veut restreindre l'accès aux aides sociales pour les immigrés intracommunautaires

La ministre allemande du travail Andrea Nahles entend durcir les conditions d'accès aux prestations sociales pour les ressortissants de l'UE. S'ils ne travaillent pas, ceux-ci ne devraient avoir droit aux aides qu'à l'issue d'un séjour en Allemagne de cinq ans. L'écho de la presse à cette annonce est divisé.

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Die Welt (DE) /

L'Allemagne doit protéger sa tolérance

Pour le quotidien Die Welt,

«la ministre allemande du Travail a raison d'établir clairement que la libre circulation des travailleurs en Europe ne signifie pas que n’importe quel citoyen européen puisse choisir le système social qui lui convient le mieux. Par le passé, la Cour de justice de l’UE avait à plusieurs reprises donné raison aux gouvernements nationaux refusant des allocations sociales aux ressortissants européens. Une politique qui a été expressément rappelée et même durcie lors des négociations de l’UE avec la Grande-Bretagne en février dernier. … Quand les Verts et die Linke parlent d’une 'trahison de l’idée européenne', ils démontrent une fois de plus qu’ils se fichent éperdument du fardeau que le contribuable doit porter. La plupart des Allemands considèrent les immigrés venant de Pologne, de Grèce ou d’Espagne comme un gain pour le pays. Cette tolérance disparaîtrait rapidement s’ils devaient subvenir aux besoins d’un nombre croissant d'immigrés intracommunautaires. Sans compter que ce serait du pain bénit pour l’AfD.»

Frankfurter Rundschau (DE) /

Une loi qui attise les préjugés

Frankfurter Rundschau, en revanche, souligne l’absurdité de la proposition de la ministre du Travail Andrea Nahles :

«Bien entendu, l’Etat ne peut pas rester passif face à des individus qui se rendent en Allemagne à seul dessein de profiter de l’aide sociale. Mais pour l’instant, on ne peut pas vraiment parler d’une ruée. Andrea Nahles parle donc au conditionnel. … Elle affirme essayer par là de préserver l’acceptation par les citoyens de la libre circulation des personnes au sein de l’UE. C’est une prévention légitime, mais aussi une mesure visant à couper l'herbe sous le pied de l'AfD [parti national-conservateur]. Elle confortera ceux qui ont toujours considéré les nouveaux arrivants comme autant de touristes avides d’empocher les allocations sociales. La loi censée agir contre la peur crée des préjugés. Elle devient absurde quand une personne sans droit acquiert ces droits pour peu qu’elle accepte un mini job. Il suffit donc de travailler un tant soit peu dans un restaurant ou de faire des ménages pour avoir droit à l’allocation de chômage.»