Que vaut le cessez-le-feu en Ukraine orientale ?

Depuis la nuit de jeudi à vendredi, une trêve prévaut dans le Donbass entre les militaires ukrainiens et les séparatistes pro-russes. Kiev a accepté de déposer les armes, tandis que Moscou soutient l'initiative. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, a réussi une gageure diplomatique, se félicitent certains éditorialistes. D'autres ne croient pas que ce cessez-le feu tienne bien longtemps.

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taz, die tageszeitung (DE) /

Steinmeier réunit les adversaires

En négociant une trêve, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a bien agi, se félicite le Tageszeitung taz :

«Il s’agit tout de même du seul conflit armé en Europe : il dure depuis plus de deux ans et a déjà coûté la vie à 10.000 personnes. Réjouissons-nous également que cet accord ait été négocié à Kiev et non pas à Minsk, synonyme d'impasse dans le dossier est-ukrainien après la signature de deux accords de paix qui n’ont jamais été mis en œuvre. D’autre part, il est remarquable que le cessez-le-feu soit aussi soutenu par Moscou, même si le nom du président russe n’est pas mentionné. … En outre, Steinmeier et son homologue français ont entrepris une visite dans les villes de l’Ukraine à proximité immédiate de la ligne de front : chapeau bas !»

Der Standard (AT) /

Le cessez-le-feu ne tiendra pas une semaine

Malgré la signature d’un accord de trêve à Donbass, la paix n’est pas prête de voir le jour, avertit Der Standard :

«Tous les cessez-le-feu ont fini par être interrompus, et se sont soldés par de nouvelles hostilités et accusations réciproques. En comparant le processus de paix à un 'escargot nonchalant', Frank-Walter Steinmeier était encore trop gentil. Car s'il est d'une lenteur remarquable, le gastéropode a au moins 'le mérite d’avancer', comme le décrirait Galilée. … Aujourd’hui comme hier, les deux camps sont irréconciliables. Car l'idée d'altérer le statut quo à la prochaine occasion si un avantage peut en être tiré traverse plus d'un esprit. Les revendications politiques de Minsk II n’ont jamais été véritablement mises en œuvre, ne serait-ce qu’approximativement. … Sans avancées sur le plan politique, la nouvelle trêve ne dépassera jamais les sept jours annoncés.»