De nouvelles révélations sur le vol MH17

Deux ans après le crash du vol MH17 au-dessus de l'Ukraine orientale, des enquêteurs internationaux ont présenté mercredi leurs premières conclusions. L'avion aurait été touché par un missile BUK acheminé depuis la Russie dans la région contrôlée par les rebelles. Moscou devrait admettre sa part de responsabilité, réclament certains commentateurs, car les coupables seront de toute façon un jour ou l’autre traduits en justice.

Ouvrir/fermer tous les articles
Mladá fronta dnes (CZ) /

Un jour, les coupables devront payer

Il faudra probablement attendre longtemps, mais un jour, les responsables du crash du vol MH17 seront condamnés, prédit Mladá fronta dnes :

«Non seulement la commission a fait état de façon détaillée du crime, mais elle a déjà identifié une centaine d'auteurs impliqués. Et comme elle veut que les responsables soient condamnés, elle continue à travailler sur le dossier. Et que personne ne dise que c'est de l'utopie, dans un pays comme la Russie, où il est déjà impossible de condamner un individu et non le système entier. ... Pour ceux qui ont subi l'horreur de la Deuxième guerre mondiale, il était aussi très difficile d'imaginer qu'il soit possible de traquer et traduire en justice les coupables, même 70 ans plus tard. Or c'est possible et c'est ce qui se passe.»

Savon Sanomat (FI) /

Les mensonges de la Russie sont embarassants

Dans le cadre des enquêtes menées sur le crash du MH17, les enquêteurs ont procédé à titre expérimental à des tirs de missiles BUK, ce qu’a confirmé le Comité de défense finlandais. Les tests avaient longtemps été un secret militaire. Pour Savon Sanomat, si ceci n’a rien de répréhensible, le refus de la Russie d’accepter les faits en revanche l’est :

«Il n’y a pas matière à se mettre en émoi. La Finlande devait participer à ces enquêtes sur une affaire qui constituait peut-être un crime de guerre grave. Elle y était par ailleurs tenue par la résolution adoptée par l’ONU très tôt après le crash, il y a deux ans. … Si le cours en zigzag de l’enquête sur la destruction de l’avion malaisien et la mort de 290 personnes est aussi fâcheux qu’embarrassant, il ne l’est que pour la Russie. Car celle-ci nie les preuves et les faits et continue à relayer des informations fausses. Pour la Russie, mieux vaudrait avouer qu’elle a abattu l’avion et collaborer avec le groupe d’enquête international pour amener les responsables à répondre de leurs actes. Qui sait, peut-être ce jour viendra-t-il ?»

De Telegraaf (NL) /

Un massacre made in Moscou

La responsabilité russe dans le crash est devenue irrécusable, commente De Telegraaf :

«Ce que beaucoup supposaient déjà vient d’être prouvé de manière irréfutable, affirme avec conviction le Parquet : les passagers du vol MH 17 ont été tués par un missile russe, lancé depuis un lance-missile livré par la Russie aux séparatistes pro-russes. Un jour après la frappe, ce lance-missile était de retour sur le sol russe. Par la suite, la machine propagandiste russe s’est mise à tourner à plein régime pour camoufler le rôle de la Russie. Les enquêteurs professionnels ont mis fin aux tentatives incessantes de Moscou d’induire en erreur la communauté internationale. Devant les yeux du monde, la coresponsabilité de la Russie a été établie plus clairement que jamais. La marque de fabrication à définitivement été apposée au massacre du 17 juillet 2014 : made in Moscou.»

Neue Zürcher Zeitung (CH) /

Le régime belliqueux de Poutine est en faute

Ne nous voilons pas la face, Moscou est responsable du crash du vol MH17, estime Neue Zürcher Zeitung :

«Avec son veto au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie a empêché la mise en place d'un tribunal bénéficiant d'un large soutien. Il est donc peu probable que les responsables soient un jour sanctionnés. Moscou n'aurait pas dû opposer son veto si elle n'avait rien à cacher. On peut bien sûr imputer une part de responsabilité à l'Ukraine et la compagnie aérienne. L'espace aérien n'a pas été complètement fermé, certaines compagnies ont continué de survoler l'Ukraine orientale sans être inquiétées. Mais si l'on élargit le cercle des coupables, on aboutit néanmoins de nouveau à Moscou. Sans le régime belliqueux de Vladimir Poutine, la guerre en Ukraine n'aurait jamais eu lieu. En fin de compte, Poutine porte non seulement la responsabilité de la mort des 298 passagers aériens, mais également de celle des quelque 10.000 victimes au cours du conflit ukrainien.»

Postimees (EE) /

Les sanctions, une arme essentielle

Par sa volonté de faire toute la lumière sur l'affaire, l'Ouest se distingue une fois de plus de la Russie, déclare Postimees :

«C'est une base qui permettra dorénavant d'engager des procédures pour crimes de guerre à l'encontre des militaires et des dirigeants russes. Il devrait en être de même pour les crimes de guerre actuellement commis en Syrie, où de lourds soupçons pèsent sur les exécutants du Kremlin. … Un exposé des preuves mené avec précision est un élément central de la culture occidentale. On ne peut s'attendre à ce que le pouvoir des textes n'atteigne les coupables que dans l'avenir fictif d'une Russie dirigée par un gouvernement démocratique. C'est la raison pour laquelle les sanctions et d'autres démarches du monde libre sont d'une importance cruciale pour empêcher les agresseurs de perpétrer de nouveaux crimes.»

tagesschau.de (DE) /

Un tribunal onusien aurait dû mener l'enquête

Le site public d'information tagesschau.de regrette que le rapport d'enquête ait été biaisé par la politique mondiale au lieu d'établir une bonne fois pour toutes les responsabilités :

«Pendant une certaine période de rapprochement, une telle catastrophe aurait peut-être pu faire l'objet d'une enquête commune. Aujourd'hui en revanche, l'attaque du vol MH17 a de bonnes chances d'entrer au livre Guinness des records dans la rubrique des sempiternelles théories du complot. Le gouvernement russe, lourdement accablé par le rapport d'enquête, a immédiatement rejeté toute implication. ... Il faut dire qu'une équipe d'enquêteurs qui compte des membres ukrainiens mais pas de membres russes perd évidemment de sa crédibilité. Et les Ukrainiens ont eux aussi une lourde part de responsabilité dans la mort des 298 personnes. ... Un tribunal onusien aurait été mieux placé pour mener cette enquête - une option que les enquêteurs avaient appelée de leurs vœux. Mais le gouvernement russe y a opposé son veto, ce qui laisse peu d'espoir que l'élucidation et la raison puissent un jour s'imposer. L'affaire du vol MH17 reflète avant tout une chose : l'état désastreux de la politique mondiale.»