Allemagne : les élections en Sarre donnent-elles le la ?
Clairement victorieux aux élections du landtag de Sarre, les conservateurs vont mener des discussions exploratoires avec le SPD en vue d'y poursuivre la grande coalition. Les commentateurs mesurent la portée de ces élections à l'aune des élections législatives nationales de l'automne prochain.
On ne remplace pas un programme par des émotions
Le résultat du vote dans le petit land de Sarre tient lieu de baromètre pour les grands partis traditionnels en vue des législatives de l’automne, explique Lidové noviny :
«Il va sans dire que pour les sociaux-démocrates - clairement en-deça de leur objectif - il ne s’agissait que d’un vote régional. Pas un mot d’explication sur la panne soudaine de ce train tiré par la locomotive Martin Schulz censée mener à la victoire cet automne. Le camp opposé voit dans la ministre-présidente Annegret Kramp-Karrenbauer un premier signe avant-coureur de l’issue du scrutin de cet automne. Les électeurs ont fait le choix d’une personnalité qu’ils connaissent bien, qui cumule expérience et bilan positif. ... On peut tirer un enseignement général de ce résultat : pour réussir, il ne suffit pas de créer chez l’électeur des émotions et des attentes, comme s’est contenté de le faire le nouveau chef des sociaux-démocrates jusqu’à présent. On ne peut pas tout miser là-dessus - surtout quand on n'a pas de programme politique.»
Que veut le SPD au juste ?
Le résultat des élections dans l'un des plus petits länder allemands met les sociaux-démocrates au pied du mur, analyse Mediapart :
«L’élection sarroise met effectivement le SPD en demeure de préciser son programme électoral et ses orientations politiques. Que veut vraiment M. Schulz ? Et à quel point corrigera-t-il l’agenda néolibéral de Gerhard Schröder ? Enfin, va-t-il s’engager ouvertement dans une négociation programmatique avec Die Linke et les Verts en vue de promouvoir une union de la gauche comme alternative à la grande coalition ? On connaît les états de service plutôt droitiers de Martin Schulz, le fait que la conquête de la chancellerie fédérale implique un passage par le centre, ou encore celui qu’une partie non négligeable de l’électorat ouest-allemand âgé, autant à droite qu’à gauche, soit toujours rétif face à une alliance avec le parti de la gauche protestataire.»
Une preuve de confiance pour Merkel
Le score encourageant de la CDU aux élections de Sarre indique que les Allemands pourraient renouveler leur confiance à la chancelière aux législatives, analyse The Times :
«Les inégalités croissantes en Allemagne ont donné une nouvelle impulsion à la gauche, comme elle ont donné un nouvel élan aux courants populistes ailleurs en Europe et aux Etats-Unis. C’est une question décisive, à laquelle le SPD semble vouloir répondre par la réduction de l’efficacité économique de l’Allemagne. A une époque où, en raison du Brexit, la Grande Bretagne doit vendre davantage de produits sur les marchés étrangers, ce n’est pas une perspective rassurante. Merkel sait qu’elle va devoir travailler dur pour regagner la confiance des électeurs allemands. Les élections de dimanche dernier sont le signal, modeste mais important, qu’elle est sur la voie de la réussite.»