Peut-on engager un violeur comme informateur ?
A Newcastle, 18 membres d’une bande de violeurs ont été condamnés. Ils avaient obligé des centaines de jeunes filles à se plier à leur volonté pour les mettre à disposition de participants à des orgies sexuelles. Afin de démanteler le réseau, les services de police de Northumbrie avaient infiltré un homme condamné pour viol. Cet informateur a rassemblé des preuves pendant presque deux ans. Une méthode défendable ? Les avis sont partagés dans les médias britanniques.
La police ne doit pas rémunérer des criminels
The Independent croit savoir quant à lui que des méthodes d’enquête moins controversées auraient également permis d’aboutir :
«Il y a eu d’autres cas – bien trop nombreux – dans d’autres villes du Royaume-Uni où il n’a pas été nécessaire de recourir à de tels procédés et où des condamnations ont été prononcées après que les services de police ont utilisé des méthodes conventionnelles. Dans certains cas d’abus tels que celui de Rotherham, un journaliste, Andrew Norfolk de The Times, a persévéré en rassemblant de plus en plus de preuves, ce qui a finalement permis d’agir. Il n’est donc pas toujours nécessaire ou indispensable d’avoir un tel informateur et encore moins de lui verser une somme d’argent considérable.»
Le succès donne raison aux autorités
The Guardian défend l’approche de la police :
«L’informateur XY a été condamné pour des faits qui remontent à 15 ans. Mais ces faits étaient similaires à ceux qui font actuellement l’objet d’une enquête. Il avait administré des drogues à une fille âgée de 15 ans, l’avait violée et avait invité un autre homme à la violer à son tour. ... Quel message transfère-t-on à la victime de celui-ci et à d’autres victimes si l’on paie à un violeur pendant 21 mois près de 10.000 livres, demandent les organisations de protection de l’enfance. Dans ce dilemme moral, on a privilégié le principe utilitariste. Le résultat obtenu par les services de police de Northumbrie a justifié le recours à un tel informateur. Mais il s’en est fallu de peu que l’affaire ne tourne mal et il ne faudrait pas qu’elle constitue un précédent.»