Erdoğan remplace des maires de son propre parti
Le président turc Recep Erdoğan a prescrit une cure de jouvence à son parti AKP en demandant à plusieurs maires de démissionner. Plusieurs édiles, notamment Kadir Topbaş à Istanbul, se sont exécutés. La pression monte sur Melih Gökçek, le premier magistrat d'Ankara, à la tête de cette ville depuis de longues années. Des commentateurs critiques craignent que le président ne cherche à étendre encore plus son pouvoir.
Le président s'érige en souverain absolu
Comme certains maires issus de l'AKP bravent les appels à démission lancés par Erdoğan, le président turc et président de l'AKP a proféré des menaces explicites. Le chef du gouvernement ne semble pas se préoccuper du principe de séparation des pouvoirs dans l'Etat, s'inquiète Hürriyet Daily News :
«Le chef de l'Etat a déclaré : 'Nous le ferons, qu'ils le veuillent ou non. Cela se fera.' Mais c'est lui, le pouvoir législatif ? Non. Est-il le seul législateur du pays ? Non. Mais c'est de facto devenu la réalité de la Turquie, et à l'issue des élections de 2019, ce sera la situation de jure. ... La Turquie est devenue à coup sûr le paradis de ceux qui souhaitent cette hégémonie du président et qui ne cessent de l'applaudir.»
Même des opposants appuient l'autocratie
Il est effarant que pas même les citoyens critiques vis-à-vis de l'AKP ne dénoncent la destitution illégale des maires, mais augmentent la pression sur l'édile d'Ankara, s'insurge Evrensel :
«En suivant les commentaires postés sur les médias sociaux par rapport au mot-clé 'Melih Gökçek, démission !', on observe que la majorité dans ce pays ne se formalise pas sur le fait qu'un maire gênant soit forcé à démissionner ou révoqué. Au contraire, tout le monde semble penser : le plus important, c'est que le maire élu que je n'aime pas s'en aille, coûte que coûte. Cette position arrange énormément ce gouvernement qui ne respecte ni le droit, ni la loi, ni l'ordre public. Des mesures injustes et illégales sont mises en œuvre avec l'appui des médias et l'aval de l'opinion publique.»