Roumanie : le Parquet anticorruption sous pression

En Roumanie, le bras de fer portant sur la procureure en chef du Parquet anticorruption (DNA), Laura Codruta Kövesi, se poursuit. Près de 200 000 partisans du PSD, le Parti social-démocrate au pouvoir en Roumanie, ont manifesté samedi à Bucarest contre la "justice abusive" de la DNA. La Cour constitutionnelle avait préconisé fin mai au président Klaus Iohannis de limoger la magistrate, comme le réclamait le ministre de la Justice. Quelle sera la décision de Iohannis ?

Ouvrir/fermer tous les articles
Dserkalo Tyschnja (UA) /

Les citoyens seraient les meilleurs alliés du président

Seule une mobilisation citoyenne peut aider Iohannis à faire annuler la décision du gouvernement, estime Dserkalo Tychna :

«Dans ces conditions, le président roumain doit mobiliser les force pro-européennes afin de torpiller le projet de la coalition gouvernementale et empêcher un conflit entre Bucarest et Bruxelles. ... Les meilleurs alliés de Iohannis dans ce bras de fer pourraient être les citoyens roumains. La société roumaine s'est ralliée à la lutte contre la corruption qui sévit dans les plus hautes sphères du pouvoir et les contre les responsables politiques qui veulent restreindre la marge de manœuvre des juges. ... C'est une véritable passe d'armes qui s'annonce, car les sociaux-démocrates ont indiqué de leur côté vouloir mobiliser leurs partisans.»

Radio Europa Liberă (RO) /

Iohannis acculé par le PSD

Klaus Iohannis risque gros, prévient le portail de Radio Europa Liberă :

«La Cour constitutionnelle roumaine altère ainsi l'équilibre au sein du pouvoir exécutif au profit du gouvernement. Le président fait lui aussi partie de l'exécutif, même si son autorité est de nature de plus en plus symbolique. Iohannis doit désormais se soumettre au ministère de la Justice et appliquer la décision de la Cour suprême, que cela lui plaise ou non. Les sociaux-démocrates le mettent sous pression et attendent qu'il commette une erreur, afin de disposer d'un prétexte pour le suspendre - une éventualité que les principaux responsables politiques ont déjà évoquée.»

Evenimentul Zilei (RO) /

Iohannis doit respecter le verdict

C'est une couleuvre que Iohannis va devoir avaler, commente Evenimentul Zilei :

«Qu'elle soit légitime ou non, la décision de la Cour constitutionnelle devra être respectée. Nous avons souvent le sentiment qu'un jugement est injustifié. Mais s'il s'agit d'un verdict exécutoire, il est impossible, pour des raisons pratiques, de ne pas le respecter. Comme pour tout verdict, il faudra donc se plier à celui rendu par la Cour suprême dans l'affaire Codruta Kövesi. Cela signifierait, dans le cas contraire, que les jugements n'ont plus de valeur contraignante. Que leur acceptation dépend de notre interprétation, quand bien même un juge aurait prononcé son verdict.»

republica.ro (RO) /

La Roumanie a désormais un président faible

Pour le site Republica.ro, ce verdict transforme durablement le système politique roumain :

«Le débat ne porte plus sur Madame Kövesi, la DNA ou encore la lutte anticorruption - mais sur la république dans laquelle nous voulons vivre. La décision de la Cour modifie le régime constitutionnel de la Roumanie. En vertu d'une décision politique, on statue que six millions d'électeurs ayant voté pour le président ont moins de poids que les trois millions d'électeurs qui ont voté pour le gouvernement social-libéral. ... Au nom de cette légitimité arbitraire, le gouvernement, sans consulter les électeurs, a jugé que la fonction présidentielle n'avait aucun poids et décidé que la Roumanie devrait dorénavant être dotée d'un président faible.»