Trump de nouveau dans la tourmente

Michael Cohen, l'ancien avocat de Donald Trump, a infligé à ce dernier un coup dur devant les tribunaux : deux femmes qui voulaient révéler lors de la campagne électorale de 2016 avoir eu une liaison avec Trump auraient reçu des fonds en échange de leur silence - des faits qui constituent une violation de la législation sur le financement des campagnes électorales. Son ancien directeur de campagne Paul Manafort a par ailleurs été reconnu coupable de plusieurs infractions financières. Trump pourra-t-il encore longtemps rester au pouvoir ?

Ouvrir/fermer tous les articles
Hospodářské noviny (CZ) /

Le mensonge ne paie pas

La justice américaine est le pilier de la démocratie, écrit Hospodářské noviny :

«Maintenant que Michael Cohen a avoué que des sommes ont été versées à des partenaires sexuelles de Trump en échange de leur silence, en violation de la loi sur le financement des campagnes électorales, la voie vers une potentielle procédure de destitution est officiellement ouverte. Aux Etats-Unis, où les populistes se frayent un passage jusqu'aux plus hautes sphères en usant de mensonges, le système de l'équilibre des pouvoirs fonctionne encore. Quelle que soit l'intensité prise désormais par la 'chasse aux sorcières', telle que Trump qualifie les investigations portant sur ses relations avec la Russie pendant la campagne électorale, l'enquête du procureur spécial Robert Mueller confirme que le mensonge ne paie pas.»

Libération (FR) /

La justice peut barrer la route au populisme

Les populistes comme Trump vilipendent l'establishment pour ses fautes, mais se permettent d'agir dans l'illégalité, observe Libération, qui s'interroge :

«Ce 'deux poids deux mesures' va-t-il prendre fin avec les condamnations de mardi ? Sur le plan politique, on peut en douter. Les campagnes de dénigrement menées depuis deux décennies à l'encontre de la classe politique et des médias dits 'mainstream' par les extrêmes de gauche et de droite ont miné le débat public et favorisé les populistes. L'espoir, désormais, vient de la justice, en principe imperméable aux errements de l'opinion. Sur ce plan, le vent tourne : ce que la politique ne peut pas obtenir, la justice, fondée sur des preuves et des aveux, peut encore le faire.»

De Standaard (BE) /

On est loin du Watergate

Trump transformera de nouveau cette nouvelle attaque à son avantage, pense De Standaard :

«Ce ne serait pas la première fois que Trump tire d'une apparente catastrophe une énergie nouvelle pour alimenter ce qui semble être une campagne sans fin. La volonté de le renverser affichée par les serviteurs de l'establishment n'est-elle pas la preuve ultime qu'il veut changer les choses et assainir le bourbier politique ? Il ne montre aucun signe de faiblesse. L'ancien propriétaire de casino et star de la télévision continue de se poser en serviteur des petites gens. Il semble en outre maîtriser de mieux en mieux les leviers du pouvoir et s'entoure de personnalités encore plus fortes qu'au début. Il est encore trop tôt pour parier sur son limogeage forcé.»

The Times (GB) /

La destitution serait une grave erreur

Les démocrates devraient s'attacher à définir leur agenda politique au lieu de se concentrer sur une procédure de destitution, recommande The Times :

«Non seulement parce que s'ils se débarrassent de Trump, ils élisent dans les faits le traditionaliste Mike Pence. Mais aussi parce que pendant toute la durée de la procédure judiciaire, ils remplaceront inévitablement la politique par les procédures formelles. … Mais une candidature réussie aux élections présidentielles de 2020, qui ne sont pas si loin, nécessite beaucoup plus. Les démocrates doivent être le parti de la croissance, de l'équité fiscale, des services de santé adéquats, de l'amélioration des infrastructures, le parti de l'employé comme de l'employeur. … Une procédure de destitution paralyserait le pays et ne ferait que détourner l'attention de la tâche à accomplir.»