Burka : une interdiction non-démocratique et impraticable ?

Une interdiction de dissimuler son visage est entrée en vigueur le 1er août aux Pays-Bas dans les bâtiments publics. Le port de la burka ou du niqab s'en trouve donc interdit. L'accès aux écoles, aux administrations, aux hôpitaux et aux modes de transports est ainsi bloqué. Les observateurs espèrent que cette loi sera bien vite oubliée.

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NRC Handelsblad (NL) /

Une page qui sera vite tournée

De nombreuses institutions publiques ont fait savoir qu'elles ne comptaient pas appliquer l'interdiction au pied de la lettre. NRC Handelsblad abonde en leur sens, soulignant que quand une loi est mauvaise, mieux vaut ne pas en tenir compte :

«Dès le début, la loi visait à soumettre à des restrictions un certain groupe de la population. ... Dans un Etat de droit, décider librement de ses habits, son apparence et son identité est un droit important. Pour cette raison déjà, il faut espérer que la compréhension et la tolérance auront raison de l'intransigeance. ... L''interdiction de la burka' est une solution qui recherche désespérément un problème. ... La politique a embrassé les idées de Geert Wilders [populiste de droite]. Et à présent, on refile le bébé aux gardiens de l'ordre. ... Cette loi est vouée à tomber dans l'oubli, reléguée tout au fond d'un arsenal de lois et de règles qui n'en finit pas de grandir.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Les hommes s'en tirent à bon compte

Frankfurter Allgemeine Zeitung attire l'attention sur le fait que l'interdiction du port de la burka décidée par les autorités néerlandaises opère une inégalité de traitement entre les sexes :

«Le hic, c'est que l'interdiction ne s'applique qu'aux femmes. Dissimuler son visage est interdit, d'une manière générale. Mais l'intention du législateur ne fait pas l'ombre d'un doute : il vise les femmes musulmanes qui s'habillent ainsi pour signaler qu'elles observent une version radicale de l'islam. Mais leurs maris en font de même, en portant certaines formes de barbes et des pantalons de coupe courte. La loi n'explique pas pourquoi eux continuent de pouvoir exhiber leur islam radical dans les rues.»