Roumanie : les rentes spéciales des magistrats supprimées

La chambre basse du Parlement roumain a décidé mardi de ne plus verser de rentes spéciales ("rentes de service") aux juges, avocats et greffiers du pays. Ces revenus complémentaires élevés, parfois supérieurs aux salaires, avaient été créés en 1997 pour réduire la corruptibilité des fonctionnaires de justice. Les journalistes roumains expliquent pourquoi, selon eux, la classe politique a subitement décidé de les supprimer.

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Evenimentul Zilei (RO) /

Une revanche tardive de la classe politique

La loi cible un groupe de personnes avec lequel la classe politique avait maille à partir depuis longtemps déjà, commente Evenimentul Zilei :

«Il faut que les juges et les avocats comprennent que le vote n'est qu'un acte de représailles pour les nombreuses enquêtes pénales qui ont visé les politiques de tous les partis. La plupart des procédures se sont soldées par des non-lieux suite à la dénonciation des accords passés avec le service de renseignement SRI [sur la base desquels le SRI avait réalisé des écoutes à la demande du Parquet anticorruption DNA] et le départ de Laura Codruța Kövesi. ... Le Parlement a fait valoir son aspiration hégémonique face au pouvoir judiciaire.»

Ziare (RO) /

Une vague de haine destructrice

Ziare suppute lui aussi d'autres motivations derrière cette loi :

«Etrange et inquiétante, cette attaque contre les rentes des magistrats, sur un seul claquement des doigts. ... On a l'impression qu'après la disparition de [l'ex-chef de file du PSD Liviu] Dragnea, de [l'ex-Première ministre Viorica] Dăncilă et le départ forcé du PSD du pouvoir, il fallait que le reliquat de haine et de frustration soit canalisé pour ne pas qu'il nuise aux nouveaux dirigeants. Au nom non pas de l'égalité mais de la mise au pas, un nouvel ennemi a été désigné. Il fallait effectivement améliorer le système des rentes, mais de manière intelligente. Or la vague de haine ainsi déclenchée a abouti à une mauvaise solution [que la Cour constitutionnelle devrait retoquer], et l'on risque fort de se retrouver, au final, avec le même système sur les bras.»