L'Espagne veut sanctionner l'apologie du franquisme
En Espagne, la coalition gouvernementale, formée du PSOE (social-démocrate) et d'Unidas Podemos (gauche), veut faire interdire les propos qui glorifient la dictature de Franco. La proposition peut-elle avoir l'effet recherché ? La presse est divisée.
Ne pas copier la stratégie de l'extrême droite
Restreindre la liberté d'expression n'est pas le bon moyen de protéger la société des idées d'extrême droite, estime la professeure de philosophie Clara Serra sur le portail de gauche eldiario.es :
«Augmenter le code pénal de nouveaux délits d'opinion est un procédé dangereux, auquel avait déjà recouru [l'ex-chef de gouvernement conservateur José María] Aznar, et qui avait mené à une loi-bâillon, et, in fine, à des peines de prison pour des rappeurs et des utilisateurs de Twitter. Il ne faut pas que le gouvernement actuel lui emboîte le pas, mais au contraire qu'il aille dans la direction opposée. En copiant les recettes de l'extrême droite, on ne fait qu'apporter de l'eau à son moulin et l'aider à conquérir l'opinion publique. Je ne peux m'imaginer de plus grande victoire [du parti d'extrême droite] Vox que de recycler ses propres propositions alors que l'on s'efforce de les combattre.»
La liberté s'arrête là où commence celle des autres
Interdire l'apologie du mépris envers l'être humain permettrait de mettre en relief les droits des personnes, assure pour sa part l'anthropologue Rosana Pinheiro dans El País :
«Le droit à la liberté d'opinion est un droit fondamental, mais il ne donne pas le droit d'exprimer toutes les idées sans aucune limite : ma liberté s'arrête là où elle commence à intimider ou offenser celle des autres. ... Les régimes nazis doivent être condamnés et honnis. Je crois que l'introduction d'un délit correspondant dans le code pénal pourrait être un instrument politique qui contribue à faire valoir le respect des droits humains au sein de la société, car la discrimination et le génocide ne sauraient y avoir droit de cité.»