Harvey Weinstein déclaré coupable de viol

Un tribunal de New York a jugé coupable, lundi, le producteur de cinéma Harvey Weinstein d'agression sexuelle et de viol. Les jurés l'ont en revanche disculpé de deux chefs d'accusation, notamment de comportement sexuel "prédateur" - le plus grave qui était porté contre lui. S'ils saluent le verdict, les éditorialistes jugent cependant qu'il y a encore beaucoup à faire.

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La Repubblica (IT) /

Pas si intouchable

Dans La Repubblica, l'auteur et scénariste Gabriele Romagnoli se réjouit du verdict contre Weinstein :

«Le baron du cinéma se croyait intouchable. On en a eu une nouvelle fois la confirmation, hier, au vu de la morgue qu'il affichait dans l'attente du verdict ; de son incrédulité lorsque les agents sont venus lui passer les menottes ; à sa façon de quitter la salle d'audience pour se rendre dans une cellule où il ne pensait pas devoir rester très longtemps. Il ne manquait plus qu'il se dise prisonnier politique, victime d'un complot ourdi par une moitié de l'humanité. ... Harvey Weinstein était convaincu de pouvoir sortir debout et les mains libres, sur un coup de théâtre. ... Et peut-être de pouvoir recommencer à faire ce qu'il faisait avant, au cinéma et dans la vie. ... Ce ne sera pas le cas.»

Der Standard (AT) /

L'omniprésence de 'l'inversion agresseur = victime'

Der Standard voit dans le verdict un premier pas dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, mais rien de plus :

«Oui, ce verdict est une bonne nouvelle ; il signifie la fin de l'impunité totale pour des hommes comme Weinstein. Mais on sait aussi que ce genre d'individus ne sont pas inquiétés pour la plupart des agissements dont ils se rendent coupables. Weinstein a sévi impunément pendant des décennies, et il a fallu le courage d'un grand nombre de ses victimes pour que le procès ait lieu. Ce procès a également montré avec une grossièreté et une facilité terrifiante combien l'inversion 'agresseur = victime' faisait encore partie du vocable usuel en matière d'agressions sexuelles. Cela a un impact sur les victimes. Sur celles qui vont au tribunal, et sur celles qui, pour cette raison, n'emprunteront probablement jamais cette voie.»