Espagne : l'avènement d'une nouvelle méga-banque ?

La catalane Caixabank et la madrilène Bankia veulent fusionner pour former le plus grand établissement financier du pays. La Banque d'Espagne et la BCE doivent encore donner leur accord à ce projet de fusion, qui serait en réalité une reprise par Caixabank. Un nouveau groupe dans lequel l'Etat ne possèderait plus que 16 pour cent des parts, alors qu'il détenait 61,8 pour cent de Bankia jusque-là. Le projet est loin d'enthousiasmer les éditorialistes.

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eldiario.es (ES) /

Pas dans l'intérêt des clients

eldiario.es est défavorable à la fusion et demande une plus grande influence étatique, sous la forme d'une banque publique ou d'une participation accrue :

«L'histoire récente du secteur bancaire a mis au jour des pratiques immorales ou abusives vis-à-vis des intérêts des clients - tarifs préférentiels, clauses abusives, manipulation des indices de référence, charges hypothécaires, recours aux paradis fiscaux, etc. ... C'est pourquoi il est nécessaire d'introduire la notion d'intérêt général dans une activité comme celle des banques, qui est assimilable aujourd'hui à un service public. ... Le gouvernement n'a pas mis à profit sa participation à hauteur de 61,8 pour cent du capital de Bankia pour que l'établissement agisse comme une véritable banque publique. Que peut-on escompter d'une participation minoritaire de 15 pour cent dans une banque privée ? ... Cette question n'est pas du seul ressort du ministère de l'Economie. ... Il faut mener un débat public.»

Público (ES) /

Encore plus de pouvoir aux banques privées

Público s'oppose lui aussi à la fusion et y voit le risque d'un monopole :

«Elle ne ferait qu'accroître la concentration bancaire et renforcer le pouvoir politique et médiatique excessif des banques privées. Celles-ci sont, proportionnellement, les banques les plus grandes et les plus puissantes de l'UE. Il n'existe pas en Europe de secteur bancaire privé plus étendu et de secteur financier public plus atrophié que ceux de l'Espagne. ... Cette absence de banques publiques en Espagne contraste fortement avec une réalité évidente, à savoir que les banques privées n'existeraient pas sans l'aide de l'Etat. ... Le programme du nouveau gouvernement de coalition de gauche dans le pays prévoit la création d'une banque publique. La privatisation de Bankia ne va pas dans ce sens. Au contraire, elle ne fait que compliquer ce projet.»