La Hongrie de nouveau rappelée à l'ordre par la CJUE

Selon un verdict de la CJUE, la loi hongroise sur l'enseignement supérieur, adoptée en 2017, enfreint des droits fondamentaux de l'UE, notamment la liberté universitaire. Elle imposait aux universités étrangères des critères que la Central European University (CEU), fondée par le milliardaire américain George Soros, était de facto la seule à ne pas remplir. L'université avait alors déménagé à Vienne. Les avis des éditorialistes divergent quant à l'impact que ce jugement peut avoir.

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Financial Times (GB) /

Plus personne ne peut détourner le regard

Dans Financial Times, Michael Ignatieff, directeur de la Central European University, salue un verdict révolutionnaire :

«Le jugement arrive tard. En effet, l'université a déjà été obligée de délocaliser la plus grande partie de ses activités à Vienne. Le verdict rendu n'en est pas moins significatif au sens où il dissuadera les autres gouvernements européens de s'attaquer à des institutions libres de manière similaire. Il tombe au moment décisif où l'Europe mène un débat virulent sur le conditionnement de l'octroi des aides du plan de relance au respect de l'Etat de droit. ... Les gouvernements ne peuvent plus continuer à faire comme si la question de l'Etat de droit en Hongrie était encore nimbée d'un halo d'incertitude. Car la cour suprême de l'Union européenne vient de trancher : la Hongrie enfreint bel et bien les droits fondamentaux.»

Der Standard (AT) /

L'UE finance sa propre destruction

Gregor Mayer, correspondant de Der Standard en Hongrie, rappelle qu'il s'agit déjà du quatrième verdict que la CJUE prononce contre la Hongrie pour l'année 2020 :

«Tout cela laisse Orbán impassible. Bien qu'ils soient tout à fait justifiés, les verdicts arrivent trop tard. ... En foulant aux pieds comme il le fait l'Etat de droit, Orbán enfonce un pieu dans le cœur de l'UE, dont il dévoie les valeurs. Avec les émules qu'il a fait dans d'autres pays, il pourrait la déchirer. Or il se trouve que l'UE finance elle-même le système Orbán avec ses généreuses subventions. C'est l'argent venant de Bruxelles qui lui ménage la marge de manœuvre qui lui permet de gaver ses oligarques de marchés publics. Ces mêmes oligarques lui assurent le succès dans les urnes par le biais d'une couverture médiatique favorable. Un système en vase clos, qui fait qu'Orbán est pratiquement indétrônable. Il est grand temps que l'UE coupe le robinet des subventions à Orbán. Faute de quoi elle financera elle-même sa propre destruction.»