Espagne : la droite prend ses distances de Vox

La motion de censure initiée par le parti d'extrême droite Vox contre le Premier ministre, Pedro Sánchez, a été rejetée par le Parlement espagnol. Le chef de file de l'opposition, le conservateur Pablo Casado, a pris ses distances de Vox dans son discours devant l'assemblée - à la surprise générale. Car le Partido Popular (PP) a conclu des coalitions gouvernementales dans plusieurs régions avec la formation d'extrême droite. Les médias du pays saluent cette initiative.

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El País (ES) /

Profiter de l'occasion pour surmonter les blocages

Juste après le discours du chef de file du PP, le Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, s'est lui aussi voulu conciliant, en soulignant son intention de trouver un consensus avec l'opposition sur le renouvellement du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ). El País espère la fin des blocages actuels :

«Il ne faut pas en rester à un discours brillant au Parlement, mais joindre les actes à la parole : prendre des mesures d'urgence contre la pandémie, renforcer les institutions, s'entendre sur la résolution de la crise économique, voter le budget. Autant de points sur lesquels on pourra mesurer la teneur réelle de la volte-face du PP. C'est une chance à saisir, et la coalition gouvernementale doit elle aussi y mettre du sien. La voie d'une meilleure action politique s'ouvre subitement à nous. Il convient de l'emprunter, avec loyauté et détermination. L'Espagne en a besoin. L'Europe l'attend.»

La Razón (ES) /

L'europhobie reste inacceptable pour le PP

La position vis-à-vis de l'Europe est une différence essentielle entre la droite et l'extrême-droite en Espagne, assure La Razón :

«Avec ce discours, Pablo Casado revendique le leadership du camp de centre-droit ; il privilégie un projet national, inclusif, modéré et européiste, et son objectif est d'atteindre de larges pans de la société qui en ont assez des clivages idéologiques malsains. ... Il se peut que certains électeurs du PP aient du mal à comprendre ce 'non' clair et net à la motion de censure. Mais par un discours excessivement radical, avec des positions inacceptables pour un parti d'Etat comme le PP, notamment la critique du projet européen, [le chef de file de Vox Santiago] Abascal a rendu une abstention quasi-impossible pour le PP.»