Estonie : démission du ministre de l'Intérieur

Mart Helme, chef de file du parti populiste d'extrême droite EKRE et ministre estonien de l'Intérieur, n'en était pas à son premier coup d'éclat. Mais en affirmant que la présidentielle américaine a été manipulée et que Biden a été élu par un "Etat profond", il a suscité un tollé - le scandale de trop. La presse du pays s'interroge sur l'avenir de la coalition gouvernementale.

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Eesti Rahvusringhääling (ERR Online) (EE) /

En finir avec cette coalition !

Sur le portail de la radio-télévision publique estonienne ERR, le spécialiste des médias Raul Rebane appelle le Premier ministre, Jüri Ratas, à prendre enfin ses distances du parti d'extrême droite EKRE :

«Comparé à la réaction de Helme à la présidentielle américaine, le récent scandale qu'il avait déclenché en affirmant vouloir expulser les homosexuels estoniens en Suède semble bien anodin. ... Helme a certes démissionné, mais EKRE reste au gouvernement. Aux yeux de la planète et de l'histoire, il s'agit bel et bien du gouvernement de Jüri Ratas, et non de celui d'EKRE. Etre à la tête d'un cabinet qui promeut le trumpisme, cela fait tâche dans un CV. Ratas devrait pourtant se soucier de son image personnelle et de la trace qu'il laissera dans les livres d'histoire ! Dans le cas contraire, si la seule chose qui l'intéresse est de préserver sa coalition gouvernementale, alors les carottes sont cuites.»

Eesti Päevaleht (EE) /

Le déclin d'EKRE

Eesti Päevaleht qualifie la formation d'extrême droite de "parti familial", soulignant que le fils de Mart Helme, Martin, est lui aussi un cadre du parti et actuel ministre des Finances du pays. Le journal considère cependant qu'EKRE est sur la pente descendante :

«Il ne s'agit plus aujourd'hui uniquement des Helme, mais de la capacité de ce 'parti familial' à placer des personnes compétentes à des postes clé de l'Etat. Jamais ce processus n'avait été aussi laborieux, pour aucun autre parti du pays. Après plus d'un an et demi au sein du gouvernement, il devrait y avoir pléthore de candidats ; et pourtant, en dehors des personnalités issues du cercle des fidèles, ils se font rares. Y a-t-il trop peux de responsables ultraconservateurs en Estonie, ou bien le problème est-il lié au produit politique 'ultraconservateur' vendu par les Helme ?»