Le Kremlin cherche à liquider les organisations de Navalny

Le mouvement d'Alexeï Navalny en Russie a dû suspendre toute activité officielle. Sur demande du Parquet, un tribunal moscovite a frappé d'interdiction, à titre préventif, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK). Les différents QG de son bras politique ont été directement interdits par le Parquet. Selon des accusatoins encore non divulguées, les deux organisations vont être déclarées extrémistes et, à ce titre, interdites. Stupéfaction dans les médias, en Russie et ailleurs.

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Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

La viabilité de la Russie compromise

Frankfurter Allgemeine Zeitung s'attarde sur les coûts de la répression sur le long terme :

«Il y a le risque que dans les années à venir, le pays perde les éléments dont il a le plus besoin, qui s'expatrieront ou se désengageront de la vie publique. ... Plus jeunes et plus qualifiés que la moyenne, les partisans de Navalny comptent parmi les membres les plus actifs de la population russe. Même si les dirigeants réussissaient à neutraliser le leader d'opposition et son mouvement comme facteur politique - mais rien ne dit qu'ils y arriveront indéfiniment - leur liquidation laissera des séquelles dans la société russe : pour rester au pouvoir, Poutine et sa clique compromettent la viabilité future de la Russie.»

Radio Kommersant FM (RU) /

Poutine sème les graines de la rancoeur et du militantisme souterrain

Radio Kommersant FM est d'avis que l'Etat s'attire encore plus d'ennuis :

«Navalny et ses camarades de combat sont la seule opposition organisée en dehors du système. Détail qui a son importance : ils agissent dans la légalité. Leur apposer l'étiquette d'extrémistes revient à liquider de fait l'opposition et la réduit à un avenir dans la clandestinité. C'est de mauvais augure pour l'Etat, premièrement parce qu'il est plus facile de contrôler les politiques et les personnalités de la vie publique quand ceux-ci sont visibles. Deuxièmement, la jeunesse se trouve privée de la possibilité de laisser s'échapper la pression. Quand le mécontentement social enfle sans trouver d'exutoire, les conséquences peuvent être pires que toutes les manifestations et les révélations des enquêtes de Navalny.»