Les JO de Tokyo susciteront-ils l'enthousiasme des foules ?

Les Jeux Olympiques de Tokyo débutent ce vendredi 23 juillet. Les premières compétitions ont déjà eu lieu. Le président du CIO, Thomas Bach, avait fait de la flamme olympique le symbole de la maîtrise collective de la pandémie. Les compétitions devront toutefois se dérouler à huis clos. Derrière les palissades des stades, le pays d'accueil se montre sceptique. La presse européenne s'interroge sur le bien fondé de la décision de maintenir les jeux.

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De Volkskrant (NL) /

La médaille d'or pour le virus

Vu la façon dont les Jeux olympiques vont finalement devoir se dérouler, mieux aurait valu qu'ils soient reportés, estime De Volkskrant :

«Ce sont des Jeux, mais l'esprit olympique n'y est pas. Le contact entre les athlètes de tous les continents, l'accueil chaleureux de la population locale, la confiance en soi qu'un pays acquiert en devenant le centre de l'attention médiatique pendant quinze jours. Tout ce qui distingue les Jeux d'un quelconque tournoi fait cruellement défaut cette fois-ci. ... Au début de l'année, on espérait encore que les Jeux seraient le symbole de la fin de la pandémie mondiale, de la libération qui s'ensuivrait. Ils menacent désormais de devenir avant tout le symbole de l'invincibilité du coronavirus et du confinement étouffant qui enserre le monde depuis maintenant plus d'un an.»

Tageblatt (LU) /

L'argent, toujours l'argent

Tageblatt ne se montre pas convaincu par les propos du président du CIO, Thomas Bach, qui défend la tenue des Jeux olympiques dont la mission supérieure serait selon lui de signer la fin de la pandémie :

«Les Jeux olympiques ne sont qu'une question d'intérêts économiques. L'enjeu : pas moins de trois à quatre milliards de dollars de recettes qui manquent encore dans les caisses du CIO, la plupart devant provenir des droits de retransmissions télévisuelle. Il est tout à fait légitime de vouloir récupérer ces recettes. En revanche, ce qui est plus problématique, c'est que le gouvernement japonais soit entré dans le jeu du CIO et continue à s'accrocher aux Jeux olympiques, alors même que la majorité de la population s'y oppose actuellement.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Le CIO défend les intérêts des athlètes

Frankfurter Allgemeine Zeitung démonte l'argument selon lequel les JO ne seraient motivés que par l'appât du gain :

«En annulant les jeux, le CIO aurait déclaré forfait, ni plus ni moins. ... Car organiser les JO pour les athlètes et réunir à cet effet les meilleures conditions possibles - quoi que le CIO puisse entendre par là - est la seule et unique mission de cette organisation. Et elle a mené à bien cette mission. ... Un athlète de haut niveau qui s'entraîne depuis des années dans l'objectif d'aller aux JO veut y participer. Et se rendre à Tokyo, même s'il s'agit de JO stériles. ... Ceux qui se posent en défenseurs de la cause des athlètes ne peuvent donc maudire le CIO d'avoir insisté pour que les Jeux aient lieu.»

The Times (GB) /

Les athlètes les ont bien mérités - et nous aussi

Le quotidien Times tire son chapeau à Tokyo pour avoir organisé l'événement dans des conditions difficiles :

«Le monde entier va tout simplement souhaiter bonne chance à tous les protagonistes, des officiels aux athlètes, en passant par les juges sans oublier la ville de Tokyo elle-même. Les Jeux olympiques sont un événement sportif unique ; des milliers de concurrents se sont préparés pendant des années à ce qui, pour beaucoup, sera l'apogée de leur carrière. Tous méritent donc de profiter de ce moment. Au Royaume-Uni, on a vu ces dernières semaines combien le sport avait le pouvoir de remonter le moral de la population, affaibli par 18 mois de confinement. Nous avons la conviction que les Jeux olympiques de Tokyo auront le même effet bénéfique.»

Libération (FR) /

Deux semaines pour 'déplomber' l'ambiance

Selon Dov Alfon, rédacteur en chef à Libération, les remises en cause fondamentales juste avant la tenue des Jeux olympiques n'ont rien de nouveau :

«L'ambiance à la veille d'une ouverture a toujours été morose. Qui se souvient aujourd'hui que les Jeux olympiques de Mexico 68, considérés par beaucoup comme la plus excitante rencontre sportive de l'histoire moderne, étaient voués à l'échec à cause du boycott de la part de pays africains contre la participation de l'Afrique du Sud, de problèmes de transport et de forfaits de sportifs souffrant à leur arrivée du manque d'oxygène en altitude ? Les Jeux de Tokyo partent de bien bas dans l'opinion, mais il ne tient maintenant qu'aux athlètes de nous faire rêver et de faire ainsi oublier ce mauvais départ. »