JO : la gymnaste Simone Biles se retire de la compétition

La gymnaste américain Simone Biles a renoncé mercredi à débuter le concours général aux JO de Tokyo. Une décision qu'elle a justifiée en invoquant sa santé mentale. La veille, la quadruple championne olympique de Rio avait déjà renoncé à participer à l'épreuve par équipes. Les éditorialistes louent le courage de la jeune athlète et espèrent que son initiative aura un impact au-delà du monde sportif.

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El Mundo (ES) /

La vulnérabilité reste un tabou

Il faut beaucoup de courage pour arriver à parler de ses faiblesses, salue El Mundo :

«Le courage avec lequel Biles aborde publiquement ses problèmes psychiques est aussi admirable que ses acrobaties légendaires. Dans la conscience collective, les JO symbolisent le summum de la perfection, de l'effort et du succès. Or voilà que la plus parfaite de toutes les gymnastes dévoile sa vulnérabilité. Par cette initiative, Biles brise un tabou du sport professionnel : elle évoque les problèmes qui peuvent être provoqués par le succès, les énormes efforts attendus des sportifs, un dévouement quasi illimité.»

Irish Independent (IE) /

Corps et âme ne font qu'un

On oublie souvent que le sport de haut niveau ne requiert pas seulement des performances athlétiques exceptionnelles, fait valoir The Irish Independent :

«Si c'est son bras qui lui avait empêché de participer à l'épreuve, le récit aurait été tout autre. Biles, qui a du reste déjà gagné des titres avec un orteil cassé et un calcul rénal, a besoin d'un corps et d'un esprit sains pour réaliser la performance que l'on attend d'elle. ... Il est donc délétère de vouloir distinguer la santé psychique de la santé corporelle. Si l'on considérait que la tête fait partie de la 'santé corporelle', des personnes comme Biles et Naomi Osaka - la star du tennis qui s'est retirée de Roland-Garros cette année - ne feraient pas l'objet de commentaires dans le monde entier - les uns louant leur honnêteté, les autres les taxant d'hypersensibilité.»

Dagens Nyheter (SE) /

Un jalon pour la génération Z

Dagens Nyheter est convaincu que cette prise de position aidera beaucoup de jeunes :

«La génération Z est sans cesse accusée d'être gâtée et maternée. Pourtant, rares sont celles et ceux qui se voient servir les choses toutes prêtes sur un plateau d'argent ; au contraire, cette génération est comparativement davantage exposée aux maladies psychiques. La part de jeunes adultes traités en raison de diagnostics psychiatriques a augmenté de manière exponentielle ces dernières décennies. On ne peut que spéculer sur les causes du phénomène. ... Lorsque que Biles et Osaka décident de parler ouvertement de leurs problèmes, elles contribuent à ce que des millions d'enfants et de jeunes comprennent que ceux-ci peuvent affecter tout le monde. Les Etats-Unis ont dû se contenter de l'argent dans la finale de l'épreuve de gymnastique par équipes. Mais la parole de Biles est d'or.»

Handelsblatt (DE) /

Dans l'entreprise aussi, seul l'or compte

Handelsblatt espère que la prise de parole de la gymnaste aura aussi un effet dans d'autres domaines :

«Elle peut être exemplaire également pour tous les cadres de direction des entreprises qui souffrent de troubles anxieux. Il s'agit d'un gros tabou dans le monde des managers. Actionnaires, collaborateurs et clients veulent toujours afficher le visage souriant du vainqueur, car ici aussi, l'or est obligatoire. C'est pourquoi on préfère prendre du prozac plutôt que de parler de ses problèmes. ... Avec la pandémie, les problèmes psychiques se sont amplifiés. Les cas de burn-out ont augmenté de 80 pour cent parmi les cadres. Alors qu'ils étaient 'irremplaçables', il semblerait que la pleine conscience ait supplanté le diktat de la réussite.»