Retour de femmes djihadistes en Suède

Trois femmes et six enfants jusqu'ici détenus dans des camps de prisonniers djihadistes en Syrie ont été rapatriés en Suède. Deux des femmes ont déjà été écrouées. Des rapports font état de la présence d'autres femmes et enfants d'origine suédoise dans ces camps. Selon les experts, les rapatriés présentent un risque de radicalisation. Les commentaires de la presse nationale montrent combien ce rapatriement est sujet à controverse.

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Göteborgs-Posten (SE) /

Elles ne sont plus chez elles ici

Göteborgs-Posten est contre l'accueil d'autres femmes ex-djihadistes et de leurs enfants :

«Avant que le gouvernement ne décide de rapatrier d'autres partisans de Daech, un rappel s'impose. Nous avons affaire à des femmes qui ont rejoint de leur propre gré une secte terroriste qui s'est rendue coupable de massacres de minorités religieuses et qui a kidnappé des fillettes sans défense pour en faire des esclaves sexuelles. Dès lors qu'elles ont quitté notre pays pour se prêter à ces crimes contre l'humanité, ces femmes ont perdu tout droit à l'aide qu'elles ont sollicitée depuis leur camp de détention. C'est bien simple, la Suède n'est plus leur pays.»

Upsala Nya Tidning (SE) /

Compromettant pour les sociaux-démocrates

Upsala Nya Tidning croit que le parti populiste de droite Démocrates de Suède (SD) tirera parti de l'épisode :

«Ces derniers jours, SD a fait campagne contre les expulsions, ce qui a de quoi surprendre quand on sait que le parti veut que la Suède oblige d'autres pays à reprendre les ressortissants qu'elle aurait expulsés. Le retour des femmes djihadistes n'en reste pas moins une situation politique embarrassante pour les sociaux-démocrates au pouvoir, parce que c'est pour l'opposition l'occasion de dire que les terroristes bénéficient d'un traitement de faveur. Un an avant les élections, cela tombe assez mal, en pleine passation de pouvoir à la tête du Parti [social-démocrate], qui connaît une véritable hémorragie de ses électeurs au profit de SD.»

Aftonbladet (SE) /

Apprendre de ses erreurs

Aftonbladet rappelle que rejoindre une organisation terroriste n'est interdit en Suède que depuis 2020 et somme le législateur d'être plus rapide dorénavant :

«En l'absence de législation idoine, Daech avait toute latitude pour recruter ses combattants. La Suède était mal préparée. Il n'y avait pas de moyen d'empêcher les djihadistes en herbe de partir [en Syrie], bien que leur intention de se faire enrôler n'ait fait pas l'ombre d'un doute. C'est regrettable, mais on ne peut pas revenir en arrière. Ce qu'il faut faire à présent, c'est empêcher que le phénomène ne se reproduise. Par exemple en essayant de le juguler par le biais de la coopération internationale. A l'avenir, il faudra empêcher les recrutements en intervenant à un stade précoce.»

Dagens Nyheter (SE) /

Pas de quartier pour les criminels

Malgré tout, Dagens Nyheter est favorable à un rapatriement des femmes et des enfants :

«Mais aussi à l'ouverture de poursuites pénales intransigeantes, car les crimes contre les droits humains ne sauraient être prescrits. L'Etat de droit devrait considérer les terroristes de Daech comme des criminels de guerre, au même titre que les gardiens de camps de concentration ou les SS. S'il faut attendre 50 ans pour que de nouvelles preuves se fassent jour, eh bien le procès aura lieu dans 50 ans, mais il aura lieu. Quiconque a rallié un groupe terroriste doit avoir la certitude qu'il ou elle n'échappera pas à la justice.»