Madrid aurait espionné des indépendantistes catalans

D'après les recherches du laboratoire Citizen Lab de l'université de Toronto, les téléphones portables de plus de 60 personnes liées au mouvement indépendantiste catalan ont été surveillés entre 2017 et 2020. Selon les informations du magazine The New Yorker, le logiciel espion israélien Pegasus aurait été utilisé. Le parti Unidas Podemos, membre de la coalition gouvernementale, demande au PSOE, au pouvoir depuis 2018, la mise en place une commission d'enquête. Qui est responsable ?

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Süddeutsche Zeitung (DE) /

Impératif d'élucider l'affaire

Karin Janker, correspondante de Süddeutsche Zeitung à Madrid, appelle l'UE à adopter une base juridique claire permettant d'encadrer le recours aux logiciels espions par les Etats :

«En l'absence de cadre juridique clair, les droits civiques fondamentaux, qui constituent des remparts face aux interventions abusives de l'Etat, risquent de s'éroder. Dans ce contexte, il faut reconnaître au président de la généralité de Catalogne, Pere Aragonès, le mérite de ne pas convoiter avidement des réparations, puisqu'il demande des explications objectives au gouvernement espagnol. Une revendication légitime. Il est urgent de faire toute la lumière sur cette affaire, si l'on veut éviter d'apporter à nouveau de l'eau au moulin des propagandistes qui agitent l'épouvantail de l'Etat central.»

El Periódico de Catalunya (ES) /

Des gouvernements coupables ou dépassés

La responsabilité du gouvernement espagnol est engagée quoi qu'il en soit, souligne El Periódico de Catalunya :

«Il existe des instruments sur le plan judiciaire ayant pour fonction de surveiller les agissements de criminels présumés - mais la dissidence politique n'est pas un crime. C'est pourquoi la justice doit faire la lumière sur le degré d'implication des différents gouvernements, le cas échéant. ... Si celle-ci est avérée, ce serait déplorable, car il est illégal et illégitime qu'un gouvernement démocratique espionne ses opposants, quand bien même ces derniers voudraient remettre en cause le 'statu quo' politique. Mais il serait pire encore d'apprendre qu'ils n'étaient pas impliqués. ... Car cela voudrait dire que certaines instances échappent au contrôle du gouvernement.»