La Suisse élue au Conseil de sécurité de l'ONU

A l'issue de préparatifs de plus de dix ans, la Suisse est devenue membre non-permanente du Conseil de sécurité de l'ONU : elle y a été élue par l'Assemblée générale, à New York, à 187 voix sur 192 Etats présents. Son mandat commencera le 1er janvier 2023 et durera deux ans, jusqu'à la fin 2024. La Suisse doit-elle y voir une opportunité ou une contrainte inutile ?

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Tages-Anzeiger (CH) /

Nous avons d'autres chats à fouetter

Dans les deux années à venir, l'agenda politique suisse sera déjà suffisamment lourd, lit-on dans Tages-Anzeiger :

«En temps normal déjà, le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) et le Conseil fédéral sont souvent dépassés par les coups de théâtre de la politique mondiale. ... Le Conseil de sécurité de l'ONU mobilisera une énergie politique considérable à Berne. Une énergie qui fera défaut sur d'autres dossiers, notamment celui de l'UE, bien plus important pour la Suisse que la perspective de se pavaner pendant deux ans sous les feux de la rampe de la scène internationale. ... La guerre en Ukraine a muselé un peu plus un Conseil déjà pieds et poings liés. ... Dans ces conditions, la Suisse ferait mieux d'investir ailleurs ses ressources diplomatiques.»

Aargauer Zeitung (CH) /

La politique de l'autruche ne mène à rien

Aargauer Zeitung, de son côté, fait valoir que la neutralité de la Suisse ne la dispense pas de ses responsabilités internationales :

«C'est une bonne chose que la Suisse n'enfouisse pas la tête dans le sable, telle l'Autruche, mais qu'elle assume pleinement ses responsabilités au sein du Conseil de sécurité, comme d'autres Etats neutres l'ont fait avant elle. En tant que petit pays bien intégré dans le réseau économique mondial, il est de la plus haute importance pour les intérêts de notre pays que l'ordre mondial soit basé sur des règles. La guerre russe en Ukraine, qui foule aux pieds le droit international, constitue une menace fondamentale de cet ordre mondial. Sur le dossier décisif de l'Ukraine, le Conseil de sécurité est impuissant. La Suisse ne pourra rien y changer. En revanche, elle peut contribuer à ce que le Conseil remplisse sa mission de maintien de la paix dans d'autres conflits.»