Allocations familiales : revers pour l'Autriche

En 2018, le gouvernement autrichien avait décidé de ramener au niveau du pays d'origine le montant des allocations familiales versées à tous les travailleurs étrangers ayant des enfants ne vivant pas en Autriche. La Cour de justice européenne vient de juger cette différentiation contraire au droit européen, et l'Autriche risque de devoir rembourser d'importantes sommes aux personnes lésées. Les éditorialistes y voient le résultat de la politique populiste pratiquée par le chancelier de l'époque Sebastian Kurz.

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Die Presse (AT) /

Reliquats de l'administration Kurz

Die Presse rappelle que la coalition de centre-droit de l'époque cherchait à punir les mères d'Europe de l'Est, qui rendent pourtant un service important à la société autrichienne :

«Le gouvernement de coalition ÖVP-FPÖ [droite-extrême droite] poursuivait un seul objectif en adoptant le 1er janvier 2019 ce traitement de défaveur. Il lui importait de faire des économies en limitant les allocations familiales de ces ressortissants de pays de l'UE. Il affirmait vouloir agir "en conformité avec le droit européen", comme on pouvait le lire dans le programme gouvernemental 2017-2022. Il n'a réussi aucun des deux paris : ni la discrimination de ressortissants européens en phase avec la législation européenne, ni le passage en force à coup de décrets pendant cinq ans.»

Kurier (AT) /

Une main d'oeuvre pas prête de revenir

L'inégalité en droit des travailleuses étrangères s'est avérée désastreuse, notamment sur le plan économique, fait valoir Kurier :

«Avec quelques années de recul, on prend la mesure du préjudice que l'Autriche s'est elle-même attirée en détériorant les conditions de travail des travailleurs et travailleuses migrants. La pénurie de main d’œuvre s'aggrave en Autriche, tout particulièrement dans les emplois peu attrayants dans lesquels travaillaient les personnes concernées. Pendant la pandémie, elles ont été nombreuses à rentrer dans leur pays d'origine - dont elles ne sont pas revenues depuis. Elles n'ont plus envie d'être séparées de leurs enfants par des centaines de kilomètres pour trimer afin de survenir à leurs besoins - et être traitées comme des individus de seconde classe.»