La crise énergétique et ses répercussions sur l'Europe

Dans son discours sur l'Etat de l'Union, mercredi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a avancé plusieurs pistes pour atténuer les conséquences de la hausse des prix de l'électricité. Il a notamment été question de taxer les superprofits réalisés par les groupes énergétiques ou encore de contraindre les Etats membres à économiser le courant. Les commentateurs discutent de la pertinence de ces suggestions.

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Corriere della Sera (IT) /

Eviter les cavaliers seuls

Ursula von der Leyen fait bien de contraindre les pays à faire des économies d'énergie, estime Renato Brunetta, ministre de la Fonction publique sous le gouvernement sortant de Mario Draghi, dans les colonnes de Corriere della Sera :

«L'hiver approche, le temps presse et l'égoïsme grandit. Nous devons éviter le 'dilemme du prisonnier', qui a caractérisé les premières semaines de la pandémie en 2020, alors que la panique a eu raison des décisions rationnelles, empêchant de ce fait de trouver des solutions communes. ... Des mesures d'urgence de réduction de la consommation en énergie et d'aide aux familles et aux entreprises doivent aller de pair avec un plan d'investissement sur le modèle de 'Next Generation EU', dans le sillage de 'Repower EU', visant à financer l'autonomie énergétique de l'UE par la construction de nouveaux gazoducs et d'installations de regazéification.»

Hospodářské noviny (CZ) /

On en demande trop à l'Etat providence

Hospodářské noviny estime qu'un plafonnement du prix de l'électricité et du gaz est une dérive funeste :

«Sous l'influence des populistes, nous nous sommes habitués à confier à l'Etat le soin de résoudre tous les problèmes. ... Plus personne ne se demande ce qu'il peut faire pour son pays, tout le monde se demande ce que son pays peut faire pour lui. Sans que l'on ne s'en rende compte, on est en train de redéfinir l'Etat providence. Il n'est plus question de protéger les plus vulnérables pour qu'ils ne sombrent pas dans la paupérisation. L'enjeu actuel est de veiller au bien-être de tous. Dans cette logique, tout le monde sans exception est un cas social. ... C'est extrêmement préoccupant, car une société qui a une telle mentalité et un Etat qui mène une telle politique ne sauraient s'inscrire dans la durée.»

Magyar Nemzet (HU) /

Des emplois sont menacés

Magyar Nemzet craint que la crise énergétique ne frappe l'économie européenne de plein fouet :

«La fermeture de 30 piscines publiques en France reste supportable. Mais le récent signal d'alarme émis par la Fédération allemande de l'industrie, qui a souligné que la hausse des prix de l'énergie constituait une menace majeure pour l'industrie allemande, est plus inquiétant. ... Si le premier moteur économique de l'UE fait des ratés, les effets s'en feront ressentir sur les autres Etats membres. Sans oublier que les firmes allemandes ne seront pas les seules à débourser des sommes colossales pour l'énergie. ... Il faudra donc s'attendre à des licenciements.»

IQ (LT) /

Une nouvelle Europe à deux vitesses

Les nouveaux Etats membres qui revendiquaient une plus forte présence de l'UE sur la scène mondiale ont le vent en poupe, fait remarquer IQ :

«Depuis un certain nombre d'années, ils appellent l'UE à s'investir plus activement sur le plan extérieur, à ne pas trop attendre du soft power en exprimant 'leur grande préoccupation'. La réaction des sociétés et des politiques des pays d'Europe orientale, centrale et septentrionale à la guerre en Ukraine - du soutien à Kyiv au renforcement de ses capacités de défense - montre que ces pays de l'UE forment le cœur d'une Europe active en matière de politique étrangère. L'Europe occidentale, avec l'Allemagne et la France, est maintenant l'Europe de 'seconde zone'. C'est la nouvelle Europe à deux vitesses.»