Un nouveau ministre de la Défense pour l'Allemagne

Après la démission de Christine Lambrecht à la tête du ministère de la Défense, le chancelier allemand Olaf Scholz a nommé à ce poste Boris Pistorius, jusqu'ici ministre de l'Intérieur de Basse-Saxe. Saura-t-il remettre sur pied une armée aux équipements vétustes, et quelle sera sa position sur les livraisons de chars à l'Ukraine ? La presse commente.

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Die Welt (DE) /

Une entreprise titanesque

La mission du nouveau ministre sera de transformer les forces armées allemandes pour les rendre opérationnelles, souligne le quotidien Die Welt :

«Quand la guerre en Ukraine a éclaté il y a dix mois, la Bundeswehr était exsangue. Aujourd'hui, après avoir transféré une part importante de son matériel, elle est encore moins bien lotie. Pistorius doit trouver financements et armements, mettre en place des structures solides pour la défense du pays et de l'alliance, mais aussi réhabiliter le statut de la classe politique aux yeux de l'armée - statut mis à mal par sa prédécesseure, mais également par d'autres avant elle. Une entreprise titanesque. Rien ne dit que Pistorius sera à la hauteur de la tâche. Mais il doit pouvoir tenter sa chance.»

Ukrajinska Prawda (UA) /

Ouvertement pro-ukrainien

A l'issue de la rencontre des ministres de la défense des pays de l'OTAN, vendredi, sur la base de Ramstein, on saura si le nouveau ministre allemand agit dans l'intérêt de l'Ukraine, écrit Ukraïnska Pravda :

«Fait notable, [en mai 2022 déjà] Boris Pistorius avait publiquement appelé de ses vœux une victoire de l'Ukraine dans cette guerre, chose qu'Olaf Scholz n'a jamais faite ouvertement. ... Le nouveau ministre réussira-t-il à amorcer un tournant dans le soutien de l'Allemagne à l'Ukraine ? On le saura peut-être dès vendredi, quand ses alliés le presseront à donner enfin son feu vert à la livraison de chars Leopard à l'Ukraine.»

Mediapart (FR) /

Impossible sans le soutien du chancelier

Thomas Schnee, correspondant de Mediapart en Allemagne, doute que Pistorius parvienne à refondre la Bundeswehr :

«[S]i le chancelier allemand a promis une révolution pour la sécurité du pays au début de la guerre, il a ensuite laissé à sa ministre le soin de tout mettre en œuvre. Mais sans trop l'aider. Peu soutenue et peu impliquée, Christine Lambrecht a finalement échoué. Dans cette histoire, le chancelier a finalement fait preuve d'autant d'amateurisme que sa ministre. … Originaire de Basse-Saxe, région sociale-démocrate constellée de casernes et de bases militaires, le juriste Boris Pistorius n'est pas un expert militaire mais un policier, avec la cybersécurité, la sécurité intérieure et la politique migratoire comme spécialités.»