Les camionneurs polonais bloquent la frontière avec l'Ukraine

Depuis trois semaines, des routiers polonais bloquent des postes-frontières entre la Pologne et l'Ukraine pour revendiquer de meilleures conditions de travail et dénoncer une concurrence ukrainienne meilleure marché. Le blocage a provoqué des kilomètres de files d'attente pour les usagers. La grogne des routiers est-elle justifiée ? Des deux côtés de la frontière, les commentateurs donnent leur avis.

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Censor.net (UA) /

Une simple question d'argent

La position des camionneurs envers l'Ukraine n'est pas la position de l'UE envers l'Ukraine, souligne le banquier d'investissement Serhi Foursa sur Censor.net :

«Un certain nombre de transporteurs routiers polonais bloquent la frontière avec l'Ukraine, ce qui cause des problèmes aux entreprises ukrainiennes. ... Mais ceci ne reflète en aucune manière la position de la Pologne ou de l'UE, ou des citoyens de l'UE, vis à vis de l'Ukraine. Il s'agit tout simplement de la rivalité d'un certain groupe de personnes qui se disputent les mêmes enjeux commerciaux, qui défendent leurs intérêts économiques. ... Cette série aura encore d'innombrables saisons. L'épisode actuel porte sur les compagnies de messagerie qui veulent maintenir leur niveau de revenus, et qui ne veulent pas avoir de concurrence ukrainienne, bien entendu.»

Polityka (PL) /

Le PiS ferme les yeux sur un grave problème

Le PiS entend refiler la patate chaude à ses successeurs, commente Polityka :

«Initialement économique, la protestation prend de plus en plus une dimension politique. Notamment à Bruxelles, où la Commission européenne attend de la Pologne qu'elle débloque la frontière. Les Ukrainiens ne cachent pas leur indignation et voient dans le blocage de la frontière l'œuvre de la cinquième colonne du Kremlin. D'autant plus que le parti anti-Ukraine Konfederacja tente de tirer parti à ses propres fins de la protestation des transporteurs. ... Tandis que le conflit s'aggrave de jour en jour, le gouvernement PiS n'y prête quasiment aucune attention. Il a décidé de léguer à ses successeurs ce conflit qui enfle à la frontière. ... Le PiS rejette la faute sur la politique européenne, point barre.»

Rzeczpospolita (PL) /

Il doit y avoir moyen de s'entendre

Rzeczpospolita entrevoit la possibilité d'une solution à l'amiable :

«Les manifestants revendiquent une meilleure régulation du transport. Ils demandent notamment que les camions polonais qui reviennent d'Ukraine à vide puissent passer la frontière sans devoir faire la queue. Ils réclament en outre un rétablissement de l'obligation d'être détenteur d'une autorisation pour les transporteurs ukrainiens, autrement dit une restriction des activités de leurs concurrents au sein de l'UE. ... Ces activités ont entraîné une énorme sollicitation des points de passage à la frontière entre les deux pays, mais bon sang, avec un peu de bonne volonté des deux côtés, il devrait être possible de trouver un compromis. Rappelons qu'à la frontière germano-polonaise, à l'autre bout du pays, les échanges de marchandises étaient cinq fois plus importants avant l'adhésion de la Pologne à l'UE.»