Espagne : le gouvernement monte au créneau contre la corruption
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a présenté mercredi un plan de lutte contre la corruption comportant 15 mesures, après que plusieurs membres de son parti PSOE ont été visés par des enquêtes. Le plan prévoit notamment la création d'une nouvelle agence de contrôle et le recours à une analyse des données plus sophistiquée pour détecter les fraudes. Les commentateurs doutent du bien fondé des propositions et de leur efficacité.
Durcir les sanctions
Dans les colonnes d'El País, l'analyste politique Cristina Monge avance des solutions :
«L'Espagne n'est pas un pays gangrené par la corruption. Jamais personne n'a dû glisser un billet de 50 euros dans la poche du médecin pour obtenir un antibiotique ou une ordonnance. ... Le problème de corruption en Espagne concerne les adjudications dans le secteur public. ... Il importe de renforcer les compétences de la Cour des comptes et de durcir les sanctions. ... Si les entreprises impliquées dans des affaires de corruption étaient dorénavant exclues de l'octroi de contrats avec l'administration publique pour une durée de dix ans, la même règle devrait être appliquée aux partis politiques : ils devraient être privés de financements publics pour la même durée.»
De bric et de broc
La rédactrice en chef adjointe d'El Periódico de Catalunya, Gemma Martínez, fait part de sa déception :
«La corruption dans l'adjudication de contrats publics dans le secteur du BTP est un fléau structurel, inhérent au système et omniprésent à tous les niveaux de l'administration. ... Les mesures annoncées hier par Sánchez devant l'Assemblée sont animées d'intentions louables, mais elles sont clairement insuffisantes. Elles ne bénéficient pas d'un consensus politique suffisamment large et le calendrier prévu pour leur mise en œuvre est trop long. ... Ce n'est que du rafistolage, probablement une tactique de temporisation. ... La lutte anticorruption aurait un tout autre visage si elle avait été fait l'objet d'un pacte entre les deux grands partis.»
Un plan qui ne convainc que les aficionados de Sánchez
Elisa Beni, chroniqueuse à eldiario.es, a perdu toute confiance :
«Le fameux plan anticorruption est un cocktail de mesures existantes, est un cocktail de mesures existantes, de mesures inefficaces et de mesures dangereuses qui pourraient être franchement contreproductives. ... On ne peut pas résoudre un problème que l'on ne voit pas : deux secrétaires du parti ont été mis en examen, un troisième devant être nommé n'a même pas pu se présenter et un groupe de proches collaborateurs et conseillers ont les mains sales. Ce n'est pas la meilleure des cartes de visite pour quelqu'un qui se pose en régénérateur. ... Ces mesures ne mèneront à rien. ... Le plan est parfait pour ceux qui y croient encore, mais ils se font de plus en plus rares, hélas.»