Ukraine : des journalistes d'investigation sous surveillance
D'après des révélations, l'agence de renseignement ukrainienne SBU a espionné des journalistes du site d'investigation réputé Bihus.info lors de leur réunion du Nouvel an - mais probablement aussi à d'autres moments. Par la suite, un responsable de département du SBU a été licencié. L'agence a défendu sa démarche en accusant certains membres de la rédaction d'avoir acheté et consommé des stupéfiants. Pour les chroniqueurs, l'argument n'est pas recevable.
Traiter le mal à la racine
Le SBU n'a certainement pas agi de façon autonome, affirme le journaliste Valeri Pekar sur sa page Facebook :
«Je suis convaincu que la direction du SBU ne demande pas de sa propre initiative d'espionner des journalistes, car elle a d'autres priorités. ... Seuls les responsables politiques ont intérêt à mettre en place cette surveillance, personne d'autre. La société civile doit s'employer à trouver les commanditaires de ces actes, et non à sanctionner leurs exécutants - cela risquerait de perpétuer cette pratique honteuse. ... Les racines du mal ne se trouvent pas dans les organes de sécurité - ceux-ci ne sont que de simples rameaux - mais dans la tendance des politiques à pencher vers l'autoritarisme et à mépriser la démocratie.»
Une atteinte à l'image du pays
Censor.net appelle à sanctionner les responsables du SBU :
«C'est une honte. Cela montre, d'une part, sous quelle pression travaillent les journalistes d'investigation, et de l'autre, que de nombreux agents du SBU, payés par le contribuable ukrainien, passent leur temps à s'occuper de tout et n'importe quoi. Mais cela nuit aussi gravement à la réputation internationale de l'Ukraine, à un moment où l'aide de nos alliés s'avère cruciale. ... Si une telle chose était arrivée dans un pays de l'UE, le responsable de l'autorité incriminée aurait de toute évidence démissionné sur le champ. ... Alors que chez nous, l'actuel directeur du SBU, Vassil Maliouk, est incapable de s'y résoudre.»