Roumanie : une marge accrue pour les fraudeurs fiscaux ?

Le Parlement roumain a approuvé une loi prévoyant d'exonérer de peine les individus s'étant rendus coupables de fraude fiscale allant jusqu'à un million d'euros - contre 100 000 jusqu'à présent-, à condition que ceux-ci remboursent le montant dû en moins d'un mois. Par ailleurs, aucune enquête ne devrait être ouverte contre les complices de ces fraudes et les conditions dans lesquelles celles-ci ont été effectuées. Les médias du pays pointent une négligence néfaste.

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Deutsche Welle (RO) /

Un Etat faible a besoin de règles strictes

Le service roumain de Deutsche Welle ne croit pas que la loi puisse fonctionner :

«Dans un Etat viable, où la justice travaille de manière efficace, il est possible d'accorder le pardon aux fraudeurs fiscaux, si ceux-ci remboursent en contrepartie une certaine somme à l'Etat, et si, via la conclusion d'un accord, ils restituent une partie de leurs revenus à la société [sous la forme par exemple de projets sociaux]. ... Mais dans le cas de la Roumanie, cela ne fonctionne pas. Dans notre pays, les institutions financières laissent souvent les fraudeurs s'en sortir indemnes. ... Dans notre pays, les procureurs n'ont aucune personnalité et aucun courage. Il se mettent au service des politiques, qui suivent eux-mêmes leurs intérêts personnels ou ceux de leurs cliques, et ils se fichent éperdument de l'intérêt général.»

Spotmedia (RO) /

Les enquêteurs veulent s'éviter du travail

Spotmedia commente la remarque du Premier ministre, Marcel Ciolacu, qui a affirmé que la loi pouvait encore être corrigée si les enquêteurs y voyaient des carences :

«Or le procureur général, Alex Florența, et le directeur du parquet anticorruption (DNA), Marius Voineag, ne bronchent pas. Pourquoi ? Parce que d'après des sources crédibles, ils ont tous deux été consultés pour ce projet de loi et auraient même contribué à son élaboration. Ciolacu peut être certain qu'ils ne réclameront pas de modifications. Les avocats généraux ne semblent visiblement plus avoir aucun intérêt à combattre la criminalité. Le bilan de la DNA est probablement le plus mauvais depuis des années : les enquêtes sont classées, les plaintes dans des affaires majeures sont abandonnées.»