Présidentielle roumaine : le candidat d'extrême droite en tête
Après l'annulation de la présidentielle en décembre dernier, un nouveau scrutin s'est tenu ce dimanche en Roumanie. Le candidat d'extrême droite George Simion (AUR) a remporté haut la main le premier tour, avec un score de 40 pour cent environ. Au second tour, le 18 mai prochain, il affrontera le maire sans étiquette de Bucarest, Nicușor Dan, qui a recueilli environ 21 pour cent des voix. Les chroniqueurs font part de leurs inquiétudes.
Simion peut-il être défait ?
Dan aura un retard considérable à rattraper au second tour, juge Spotmedia :
«Comment expliquer ce résultat ? De manière générale, on peut le mettre sur le compte de la frustration quant à l'annulation de la présidentielle en fin d'année passée, et de la campagne des candidats pro-européens, exclusivement axée sur les insultes mutuelles. Au fond, personne n'a rien compris à ce qu'il s'est passé l'année dernière, et on en paie le prix aujourd'hui. ... Vu l'énorme écart de voix séparant les deux finalistes, on peut se demander si Simion peut encore être vaincu le 18 mai. ... Il a besoin de 11 points de plus pour l'emporter, Nicușor Dan de 30 points de plus.»
Un scénario bien connu
A l'Est rien de nouveau, commente La Repubblica :
«Simion est la preuve que le 'modèle souverainiste' fonctionne dans plusieurs pays de l'ex-bloc communiste. Que ce soit en Hongrie, en Slovaquie, en Pologne ou en Roumanie aujourd'hui, le scénario est le même : rôle de victime, nostalgie de 'l'ancien temps', hostilité vis-à-vis des élites et des migrants, nationalisme virulent, opposition à l'Ukraine. ... Simion a indiqué qu'il voulait poser un jalon pour son 'unique mission, le rétablissement de l'ordre constitutionnel et de la démocratie'.»
Un pays sur le fil du rasoir
Jurnalul Național se dit pessimiste :
«Ce scrutin présidentiel est le signe d'une potentielle grave crise politique. L'actuel gouvernement, écartelé entre la nécessité de recourir à des mesures politico-financières drastiques et la pression des populistes, risque de voler en éclats, indépendamment du résultat final de la présidentielle. ... Or l'enjeu de ce scrutin ne se limite pas au poste de président, il en va aussi de l'avenir économique et géopolitique du pays. La Roumanie est sur le fil du rasoir. ... La Roumanie court le risque d'être perçue comme un pays instable, dans lequel les investissements sont incertains et où les décisions politiques sont davantage dictées par le populisme que par le bon sens économique.»