Friedrich Merz : le bilan des 100 premiers jours
Cela fait plus de trois mois que le chancelier allemand, Friedrich Merz (CDU), et son gouvernement sont entrés en fonction à Berlin. La coalition entre la CDU et le SPD nourrissait de grandes attentes avant sa formation. Les commentateurs livrent leur analyse sur les débuts du chancelier au pouvoir.
Rien n'a été accompli
Merz n'a pas tenu bon nombre de ses promesses électorales, déplore Kleine Zeitung :
«Moins d'immigrés, plus de croissance économique, un système social moins dispendieux et plus sûr, d'excellentes infrastructures – le tout sans s'endetter. Tous ces engagements, le chancelier n'a pas pu ou voulu les tenir à ce jour. Il en résulte un bilan personnel désastreux, qui n'arrive pas à la cheville de celui de Scholz ou d'Angela Merkel après trois mois au pouvoir. ... En conséquence, Merz peine à relever le premier défi qu'il s'était lancé : celui de réduire l'influence de l'AfD. Le parti d'extrême droite a même dépassé la CDU/CSU.»
La peur du changement
Le quotidien Neue Zürcher Zeitung déplore l'absence de réformes et établit un parallèle avec le gouvernement précédent mené par Olaf Scholz :
«Après cent jours au pouvoir, le gouvernement a épuisé son capital politique. Force est de dresser le bilan suivant : la gauche est toujours de mise dans la politique allemande, voire tout aussi présente qu'avec l'ancien chancelier. Pour résumer la situation, la coalition noire-rouge [CDU/CSU-SPD] se cramponne coûte que coûte au statu quo. La volonté de réforme à l'œuvre autrefois s'est réduite comme peau de chagrin. Au lieu de mettre un frein à l'Etat social, le gouvernement consolide un système défaillant en s'endettant considérablement. Au lieu d'entreprendre des démarches pour stimuler l'économie, il l'ankylose à coups de subventions.»
Un suicide politique magistral
Ces 100 premiers jours ont surtout bénéficié à l'AfD, souligne The Spectator :
«Nous sommes les témoins d'une extrême incompétence politique, mais nous assistons également au spectacle édifiant de quelqu'un qui croit défendre la démocratie tout en la jetant en pâture aux populistes. ... Merz s'est d'abord érigé en grand sauveur qui restaurerait la crédibilité des conservateurs après des années de dérive sous Merkel. Mais ce qu'il nous donne à voir, c'est un politicien sans carrure, prêt à sacrifier ses valeurs pour l'illusion du pouvoir. Pire encore qu'un échec, ses 100 premiers jours à la chancellerie ont consisté en un suicide politique grandiose sous couvert de travail gouvernemental. Une tragédie que l'AfD aurait pu elle-même écrire.»
Assumer un plus grand leadership
Au vu de l'état de la coalition, le quotidien Welt se pose la question d'un gouvernement minoritaire :
«Dans ce cas de figure, la CDU serait contrainte d'obtenir une majorité au Parlement pour chaque nouvelle thématique. Elle a rejeté cette option, car l'AfD aurait l'occasion de participer à l'élaboration de lois sérieuses. Elle a préféré coopérer avec le SPD, quel qu'en soit le prix. Résultat : mardi, l'AfD devançait à nouveau la CDU dans les sondages. Actuellement, le parti chrétien-démocrate donne l'impression d'être sur la touche. Merz doit prendre la tête de la coalition s'il vaut stopper la débâcle.»
Influent à l'international, en difficulté chez lui
De Volkskrant est mitigé :
«En Europe, Merz est davantage dans l'action que son prédécesseur Olaf Scholz, notamment sur le dossier brûlant de l'Ukraine. De plus, il est capable de conserver le dialogue avec le président américain, Donald Trump. ... Merz a brisé un tabou allemand en suspendant la livraison de certaines armes à Israël. Il semble que le pays commence à remettre en question son soutien inconditionnel à l'Etat hébreu. ... Les résultats médiocres de Merz dans les sondages s'expliquent en partie par son manque de charisme et de charme. Mais il existe un autre facteur plus important encore : la polarisation du paysage politique allemand.»