Macron annonce la reconnaissance de l'Etat palestinien

La France reconnaîtra la Palestine, a déclaré le président Emmanuel Macron sur la plateforme X. A ce jour, près de 150 Etats membres des Nations unies reconnaissent officiellement la Palestine comme un Etat souverain. Toutefois, plusieurs grandes puissances occidentales, parmi lesquelles les Etats-Unis et le Royaume-Uni – toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU – n'en font pas partie. Que peut espérer Macron avec une telle déclaration ?

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Público (PT) /

La seule issue possible

Cette mesure était nécessaire, estime Público :

«La communauté internationale observe et condamne [la situation à Gaza], mais reste hésitante. Les Etats-Unis protègent Israël contre toute sanction onusienne. L'Europe, quant à elle, oscille entre responsabilité historique et calculs géopolitiques. Dans ce contexte, la décision de Macron de reconnaître la Palestine en septembre revêt une certaine importance. La France devient ainsi le premier pays du G7 à considérer que la solution à deux Etats est la seule issue viable face à la spirale de destruction en cours. Il s'agit surtout d'un appel lancé à la conscience internationale. Car aucune démocratie ne saurait être bâtie sur la détresse absolue d'un autre peuple.»

Le Point (FR) /

Une position de principe sans effet sur le terrain

Il faut davantage que de simples effets d'annonce, fait valoir Le Point :

«Pour que la reconnaissance d'un Etat palestinien puisse contribuer à faire avancer un règlement, il faudrait que l'administration palestinienne soit en état d'agir ; que sa légitimité soit validée par des élections ; qu'elle soit vouée à la coexistence pacifique ; qu'un processus de paix soit en cours avec Israël. Aucune de ces conditions n'est remplie. ... Face à l'obstination mortifère du Premier ministre israélien, une pression accrue des Européens pourrait être utile. Mais ce but ne pourra pas être atteint en affichant une position de principe qui n'aurait aucun effet opératoire sur le terrain, qui accentuerait les divisions du camp occidental, qui romprait les rangs avec le Royaume-Uni et l'Allemagne, qui accorderait une victoire symbolique aux islamistes du Hamas et qui accentuerait les effets délétères du conflit israélo-palestinien dans notre pays.»

Phileleftheros (CY) /

Paris a des intérêts dans cette partie du monde

Cette décision n'est pas le fruit du hasard, tient à souligner Phileleftheros :

«Le timing non plus, d'ailleurs. Macron a compris que l'image d'Israël est plus que jamais ternie. Sachant par ailleurs que ses relations avec la communauté juive de France - la troisième plus importante au monde - n'ont jamais été les meilleures, il a estimé le contexte propice pour se repositionner comme leader sensible. La réalité est plus prosaïque. La France perçoit les formidables perspectives économiques, énergétiques et autres qui se dessinent aujourd'hui au Proche-Orient, et tente de retrouver un peu de son influence dans cette région, où son poids s'est considérablement affaibli.»

Večernji list (HR) /

La France montre la voie

La reconnaissance de la Palestine constitue tant pour la France que pour l'Europe une affirmation de son indépendance, croit savoir Večernji list :

«Par ce geste, Paris réaffirme sa volonté d'assumer un rôle de leader, en exerçant une pression sur les autres Etats membres de l'UE pour qu'ils se positionnent clairement sur la question de la souveraineté palestinienne. ... Ce geste traduit également la détermination de la France à agir de manière autonome, en dehors de l'axe transatlantique et indépendamment de Washington. Il est la marque d'une Europe prête à affirmer sa propre voie diplomatique, renforçant ainsi son poids sur la scène internationale.»