Numérique : le géant de la tech Google ne sera pas démantelé
Alphabet, la maison mère de Google, devra dorénavant partager avec ses concurrents les données recueillies par son moteur de recherche. L'entreprise échappe toutefois à un démantèlement et ne devra se séparer ni du navigateur Chrome ni du système d'exploitation Android. C'est la décision prise par un tribunal américain à l'issue d'un procès qui dure depuis cinq ans autour de pratiques monopolistiques du groupe. Les médias se penchent sur les conséquences de ce jugement sur la politique numérique européenne.
Le moment pour la concurrence de monter au créneau
Sans être une percée, le jugement nourrit les espoirs, souligne L'Echo :
«La sanction la plus prometteuse concerne l'immense stock de données accumulé par Google. Le géant du net devra partager ce trésor de guerre avec ses concurrents. ... Google devra ouvrir l'accès aux milliards de requêtes formulées dans son moteur de recherche mais aussi dans Gemini, son IA générative maison. Espérons que les concurrents fassent bon usage de ces précieuses données pour entraîner leurs IA et bâtir une réelle alternative aux services de Google. C'est la seule chose que l'on puisse attendre de cette décision qui révèle l'impuissance de la justice à faire tomber les nouveaux techno-monopoles.»
La Commission européenne courbe l'échine
Le quotidien taz gage qu'en Europe non plus, il n'y aura pas de régulation de la tech :
«Les menaces de Trump semblent avoir obtenu l'effet recherché. Dans la guerre commerciale qu'il a lui-même déclenchée, le président américain a clairement fait comprendre que toute régulation par l'Europe affectant des groupes technologiques américains appelleraient automatiquement une surtaxation en retour. Actuellement, il semblerait que la Commission européenne redoute davantage ces surtaxes que les conséquences négatives des lacunes juridiques et de l'insuffisance de leur imposition. Un climat d'autant plus angoissant quand on pense à ce qui nous attend dans les années à venir : une montée en puissance de l'intelligence artificielle.»
Bruxelles doit garder la tête haute
Frankfurter Rundschau appelle l'Europe à ne pas se laisser intimider par les menaces du président américain :
«Les Européens devraient garder à l'esprit deux précédents. Il y a d'abord celui du Canada, qui avait révoqué ses lois sur la protection numérique et renoncé à un projet de durcissement dans le domaine pour s'attirer les bonnes grâces de Trump. Mais Trump n'en a eu cure et a adopté des droits de douanes supérieur à tout ce dont il avait jamais été question auparavant. En mars, l'Inde était revenue sur sa taxe numérique, espérant ainsi calmer l'ire de Trump, mais s'est vue infliger des droits de douane de 50 pour cent. La preuve que l'Europe ne peut plus compter sur la carte de l'apaisement. ... Bruxelles a encore la possibilité d'appliquer le droit européen, de sanctionner Google et d'éviter un précédent. La Commission enverrait ainsi le signal clair à Washington que l'Europe n'obéit pas à la baguette.»