Sommet sur l'Ukraine annulé : quel impact ?
Le projet de rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine est manifestement dans les limbes. Le président américain a déclaré ne pas vouloir de "sommet gâché", après que Moscou a probablement réitéré ses revendications maximalistes, rejetant ainsi la proposition de Trump – soutenue également par Kyiv – de geler l'actuelle ligne de front.
Une paix illusoire
Neatkarīgā explique pourquoi, selon lui, le sommet n'est pour le moment plus d'actualité :
«Poutine avait proposé une nouvelle rencontre à Trump. ... Ce dernier avait accepté, à la condition toutefois que les ministres des Affaires étrangères des deux pays – Marco Rubio et Sergueï Lavrov – se mettent d'accord au préalable sur un agenda, mais aussi sur un document fixant la cessation des hostilités et les conditions d'un cessez-le-feu, qui puisse être signé lors du sommet. On peut d'ores et déjà prédire avec une forte probabilité qu'il n'y aura pas d'accord sur un tel document, car rien n'indique (hormis son récent appel à Trump) que Poutine soit prêt à revenir sur les conditions qu'il avait fixées. ... Il est donc clair que la paix en Ukraine reste pour l'heure tout à fait illusoire.»
Personne ne peut faire pression sur Poutine
Le président américain veut manifestement appliquer à l'Ukraine la méthode récemment utilisée avec succès au Proche-Orient, estime Der Standard :
«Trump affirme n'être favorable qu'à un cessez-le-feu le long de la ligne de front actuelle. Il convient selon lui de la déterminer, puis de négocier tout le reste. Il s'agit de la méthode appliquée à Gaza, où Trump, en faisant pression sur Nétanyahou et en exhortant les Etats arabes à en faire de même sur le Hamas, est effectivement parvenu à obtenir un cessez-le-feu et à libérer les otages. Manifestement, Trump veut ici aussi faire pression sur un allié – pas Israël cette fois-ci, mais l'Ukraine. La situation est toutefois toute autre, car l'agresseur, la Russie, n'est pas aussi faible que le Hamas, et il ne se trouve personne susceptible de faire efficacement pression sur Poutine.»
La patience de Trump finira par s'émousser
Il faudra tôt ou tard que le président américain exerce une véritable pression sur Poutine, fait valoir le politologue Serhiy Taran dans un post Telegram repris par Espresso :
«Plus longtemps Trump croira aux rencontres miraculeuses avec Poutine, plus la 'guerre de Biden' deviendra la 'guerre de Trump'. A mon sens, cette conviction ne tiendra donc pas éternellement. Chaque fois que Trump obtient des résultats contraires à ses attentes, il est contraint de songer à des alternatives à la 'diplomatie douce'. Mais quoi qu'il en soit, ce processus de revirement devrait durer plus longtemps qu'on le souhaite.»
Utiliser enfin les avoirs russes gelés !
La confiscation des avoirs russes gelés rendrait la guerre plus chère à mener pour le Kremlin, croit savoir Aamulehti :
«Cela enfreindrait certes le droit international de la propriété. Mais en attaquant sans raison un autre pays et en tentant de modifier les frontières internationalement reconnues d'un Etat par le biais d'une guerre, la Russie enfreint elle aussi le droit international. Avec la confiscation des avoirs financiers russes, l'UE montrerait à la Russie qu'elle entend bel et bien consolider la défense de l'Ukraine et de l'Europe. Cette initiative rendrait la guerre d'agression menée par la Russie quasiment deux fois plus coûteuse, et accélérerait l'effondrement de l'économie de guerre russe et la fin de la guerre.»