Ukraine : à quoi ressemblera l'après-Yermak ?

Dans le sillage du scandale de corruption qui affecte le secteur énergétique ukrainien, le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky, Andriy Yermak, a annoncé sa démission. Les enquêteurs ont perquisitionné son domicile vendredi, sans qu'il n'y ait eu toutefois de dépôt de plainte. Pour les observateurs, cette démission était inéluctable. Ils sont toutefois divisés sur l'impact que celle-ci aura sur le pays.

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NV (UA) /

Nécessaire

La démission de Yermak était inéluctable, analyse le politologue Ihar Tyjkevytch dans un post Facebook repris par NV :

«Que l'ex-dirigeant de la chancellerie présidentielle soit coupable ou non, son sacrifice politique était devenu impératif. Dans le cas contraire, les Etats-Unis s'en seraient servis pour faire pression sur Zelensky. Et indépendamment de l'issue des négociations et du moment où sera décrété un cessez-le-feu, le président ukrainien aurait galvaudé son avenir politique.»

Český rozhlas (CZ) /

Le plus mauvais moment

Le portail de la radio publique Český rozhlas écrit :

«L'aggravation des problèmes de corruption dans le pays affecte Zelensky au plus mauvais moment - alors que des négociations de paix ont lieu à plusieurs niveaux. Yermak était censé diriger lui-même la délégation ukrainienne aux Etats-Unis et négocier avec les haut-fonctionnaires américains. A la place, il affirme vouloir effectuer (au sens figuré du moins) une sorte de pénitence par les armes, et se rendre là où son pays a le plus besoin de ses hommes - sur le front.»

Der Tagesspiegel (DE) /

Un départ du président serait un désastre

Le quotidien Tagesspiegel espère que Zelensky survivra politiquement au scandale :

«Tout devrait dépendre de la question suivante : Zelensky était-il au courant de l'ampleur de la corruption dans son entourage ? Car outre la lutte contre l'invasion russe, celle contre les abus de pouvoir et le népotisme est l'essence de son identité politique, la grande promesse faite à son peuple. C'était son grand cheval de bataille longtemps avant qu'il accède à la présidence ukrainienne. … La perspective que Zelensky tombe, lui aussi, serait un désastre. Car elle signifierait l'accomplissement de l'un des premiers objectifs de guerre de Poutine, à savoir le remplacement de la gouvernance ukrainienne. Même si ce serait d'une toute autre manière que celle envisagée par le Kremlin.»

Espresso (UA) /

La fin d'une domination

Dans un post Facebook relayé par Espresso, le politologue Serhiy Taran écrit :

«La démission de Yermak marque la fin de la domination d'un seul homme en Ukraine. Par conséquent, tout le système de pouvoir va changer. Le président devrait perdre le contrôle politique du Parlement. … Cela aura indubitablement une incidence sur la composition du gouvernement. … L'ironie de tout cela, c'est que cette redistribution du pouvoir aurait pu avoir lieu il y a déjà un ou deux ans - sous la forme d'un gouvernement transpartisan d'union nationale. Cela n'aurait pu être que bénéfique à l'Etat, car une redistribution du pouvoir signifie aussi une dilution de la responsabilité. … Mais personne n'a voulu partager le pouvoir.»

Radio Kommersant FM (RU) /

Faire plier Zelensky

L'action des instances anticorruption est dictée par les Etats-Unis, croit savoir Radio Kommersant FM :

«La veille, Yermak avait affirmé dans un entretien avec le journaliste Simon Shuster, du magazine The Atlantic, que l'Ukraine ne céderait jamais son territoire souverain en contrepartie de la paix tant que Zelensky serait président. Ils se sont occupés de lui dès le lendemain. On sait que l'Ukraine attend de nouvelles propositions de paix de la part des Etats-Unis. Il est donc fort probable que de nouvelles pressions s'exerceront sur le chef de l'Etat ukrainien afin qu'il assouplisse sa position et fasse des concessions. Il est notoire que des accusations de corruption sont un argument plus que convaincant lorsque des négociations sont difficiles.»