Drame de l'immigration sur le site d'Eurotunnel
Plus de 3.000 personnes auraient tenté de rallier la Grande-Bretagne depuis Calais en empruntant le tunnel sous la manche, ces deux dernières nuits. Un autre jeune homme est mort mardi soir lors d'une de ces tentatives de passage. Les pays de l'UE doivent enfin coopérer sur la question de la politique d'asile, demandent certains commentateurs. D'autres soulignent que seule une intervention au large des côtes libyennes permettra de résoudre le problème.
La politique ferme les yeux à Calais
Les dirigeants français et britanniques sont également responsables du drame de Calais, critique le quotidien de centre-gauche De Morgen : "De crainte de perdre des électeurs au profit des partis xénophobes, cela fait déjà plus de dix ans qu'ils occultent le problème. La thèse actuelle, à savoir la nécessité de combattre le trafic d'êtres humains, est bien sûr valable. Mais le trafic d'êtres humains est florissant quand l'Etat n'intervient pas. Comme c'est le cas à Calais. Les élus y construiront bientôt une nouvelle clôture. … Voilà l'Europe de 2015. Une Europe dans laquelle la France et la Grande-Bretagne décident de traiter les réfugiés comme des animaux dangereux dans un zoo. … Si le président François Hollande ne veut pas ôter tout leur sens aux valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, alors il lui faudra accepter l'aide proposée par l'Europe. L'argent britannique, censé financer la clôture, pourrait alors être investi dans une politique migratoire européenne qui considère le respect des droits de l'homme comme un principe inaliénable."
Etablir un blocus maritime au large de la Libye
Le seul moyen de mettre fin au drame de Calais est de mener une lutte acharnée contre le trafic d'êtres humains, estime le quotidien de droite De Telegraaf : "Depuis des mois déjà, on attend en vain une réaction appropriée à ce drame humanitaire, surtout de la part de la France. Depuis cette semaine, quelque 4.000 réfugiés à Calais ne sont ni contrôlés, ni enregistrés. Il incombe aux Français de vérifier si ces personnes sont bel et bien éligibles au droit d'asile. Par ailleurs, ces évènements entraînent un dommage économique pour l'Europe du fait du blocage de camions de part et d'autre de la Manche. Les Britanniques veulent à présent ériger à la va-vite une clôture sur une longueur de deux kilomètres et les Français dépêcher des forces de police supplémentaires. Or on ne résoudra le problème qu'en sévissant contre les passeurs, qui agissent sans scrupules. Ceci doit tout d'abord se traduire par une intervention résolue, sous la forme d'un blocus maritime au large des côtes libyennes."
Londres et Paris doivent coopérer
Le gouvernement britannique ne réussira à stopper le flux de réfugiés qui entrent en Grande Bretagne par le tunnel sous la manche qu'en coopérant avec ses partenaires européens, souligne le quotidien de centre-gauche The Guardian : "Les importants flux migratoires en provenance de Syrie et d'Afrique subsaharienne sont une réalité. Ils ne sont pas le résultat de traités ou de directives de l'UE. Certains demandeurs d'asile tenteront par tous les moyens de gagner la Grande-Bretagne à partir de la France. Or seuls les pays qui coopèrent en dépit de toutes les difficultés pourront gérer, voire diminuer, un mouvement migratoire aussi fort. … Le problème n'est ni purement britannique ni purement français, c'est un problème commun. Il doit être résolu en commun, d'une manière aussi humaine que résolue."
Trouver une approche commune à la politique d'asile
C'est en apportant des réponses communes et solides que les gouvernements européens parviendront à empêcher que le débat sur l'immigration ne vienne renforcer un peu plus les forces xénophobes à l'œuvre sur le continent, prévient le quotidien de centre-gauche El País : "Occultant le fait que la population européenne vieillissante aurait besoin d'un certain stimulus démographique, les partis populistes instrumentalisent la question de l'immigration afin de critiquer le changement rapide de l'Europe, la mondialisation et les dépenses élevées allouées aux étrangers. Les partis centristes et démocrates doivent emprunter une autre voie : aborder ensemble les questions relatives à la politique migratoire et à la politique d'asile, privilégier une approche pédagogique vis-à-vis de leurs concitoyens et se répartir les coûts élevés nécessaires à la résolution du problème. Les défenseurs de l'Europe ne doivent en aucun cas abandonner à eux-mêmes les pays directement concernés. … Le gouvernement Cameron a indubitablement besoin du soutien de la France et de l'Europe pour éviter que les populistes ne surfent à nouveau sur la vague de l'immigration."