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  Accord UE-Turquie sur les réfugiés

  16 Débats

La rencontre de crise entre le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil, Charles Michel, lundi à Bruxelles, s'est avérée infructueuse. Pour aborder la question des réfugiés massés à la frontière gréco-turque et la situation en Syrie, un sommet est aussi prévu entre Emmanuel Macron, Angela Merkel et le président turc la semaine prochaine à Istanbul. Les commentaires ne sont pas tendres avec Ankara et l'UE.

Les autorités grecques enregistrent depuis quelques semaines une hausse des arrivées d'embarcations de migrants dans ses îles situées face aux côtes anatoliennes. Le président turc, Tayyip Erdoğan, a menacé de laisser passer à nouveau davantage de réfugiés en mer Egée si l'UE ne soutenait pas son projet de 'zone de sécurité' dans le nord-ouest de la Syrie. Peut-on encore sauver l'accord Turquie-UE ?

Dans une interview, le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a jugé que son pays était abandonné à lui-même dans la supervision des frontières extérieures de l'UE. Le gouvernement redoute une nouvelle vague de migrants en cas de suspension de l'accord UE-Turquie. C'est aussi ce que craignent certains éditorialistes. D'autres critiquent le fait que la Bulgarie tente de profiter politiquement de la crise des réfugiés sur la scène européenne.

Ankara a à nouveau menacé de faire avorter l'accord sur les réfugiés avec l'UE si celle-ci ne libéralisait pas le régime des visas pour les ressortissants turcs. Dès le début août, la Turquie avait rapatrié des fonctionnaires turcs envoyés en Grèce pour y gérer le retour de réfugiés vers la Turquie. Ce pacte ne traduit pas la volonté politique de l'UE et n'est pas indispensable sur le plan pratique, lit-on dans les commentaires de la presse.

Le président Tayyip Erdoğan propose un référendum pour soumettre au vote des Turcs une adhésion futur à l'UE. Il a reproché à cette dernière de manquer à ses obligations dans le cadre de l'accord sur les réfugiés. Le week-end dernier, l'ex-Président français Nicolas Sarkozy avait écrit sur Twitter qu'une adhésion de la Turquie à l'UE était inenvisageable. Qui est responsable de ces mauvaises relations ?

Le Parlement européen ne se prononcera pas sur la libéralisation du régime des visas pour les Turcs avant qu'Ankara n'ait rempli toutes les conditions préalables. Le président Tayyip Erdoğan persiste à refuser de réviser la législation antiterroriste turque, que Bruxelles juge contraire aux normes européennes. L'Europe doit-elle rester ferme ?

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoğlu a appelé l’UE à honorer dès le mois de juin sa promesse d’une abolition des visas pour les citoyens turcs désirant se rendre en Europe. Il a menacé, dans le cas contraire, de ne pas respecter les engagements pris par son gouvernement dans le cadre de l’accord sur les réfugiés. L’UE cèdera-t-elle au chantage d’Ankara ?

Les 28 Etats de l'UE ont trouvé en matière de politique des réfugiés une position commune qui formera la base des négociations avec la Turquie. Beaucoup de commentateurs ont du mal à se faire à l'accord prévu avec la Turquie, qu'ils jugent immoral. D'autres ne voient pas d'alternative pour démanteler les réseaux de passeurs et instaurer des voies d'immigration légales.

L’accord conclu entre Bruxelles et Ankara, qui prévoit de renvoyer vers la Turquie les migrants entrés clandestinement en Europe, est entré en vigueur dimanche. Or, des milliers de migrants continuent d’arriver quotidiennement en Grèce via la mer Egée. Cet accord est susceptible de mettre fin à l'exode clandestin vers l’Europe, affirment certains commentateurs. D’autres soulignent qu’il ne fera qu’inciter les migrants à trouver d’autres routes.

L’agence européenne de protection des frontières Frontex a commencé à mettre en œuvre l’accord convenu entre l’UE et la Turquie en expulsant des migrants depuis la Grèce vers la Turquie. Les organisations de droits de l'homme critiquent ces reconduites. Quel compromis la résolution de la crise des réfugiés exige-t-elle ?

L'UE et la Turquie se sont mises d'accord sur un "plan d'action commun" destiné à réduire les flux de réfugiés désireux de rallier l'Europe. Ankara devra mieux contrôler ses frontières, en contrepartie de quoi le pays sera qualifié de "pays d'origine sûr". Compte tenu des violations des droits de l'homme en Turquie, cet accord est une véritable farce, critiquent certains commentateurs. L'UE est encore bien loin d'une politique d'asile commune, déplorent d'autres éditorialistes.

En contrepartie du renforcement des contrôles aux frontières turques, l'UE a promis à Ankara d'ouvrir un nouveau chapitre dans les négociations d'adhésion. Si certains commentateurs soulignent que la Turquie est loin d'avoir la maturité requise pour rejoindre l'Union, d'autres voient dans ce marché le seul moyen de sauver l'accord de Schengen.

Désireux de réduire considérablement le nombre de réfugiés, le gouvernement néerlandais propose de renvoyer directement en Turquie les réfugiés arrivés en bateau en Grèce. Cette feuille de route prévoit, en contrepartie, qu'un groupe restreint d'Etats accueillent directement 250.000 demandeurs d'asile. Une initiative qui suscite des avis partagés dans la presse.

La Turquie propose de reprendre les migrants qui entreront sur le territoire grec et demande en contrepartie davantage d'argent pour la prise en charge des réfugiés, ainsi que l'intensification des négociations d'adhésion à l'UE. Paris et Vienne se déclarent aujourd'hui opposées à cet accord. L'UE va-t-elle donner suite à la proposition d'Ankara ?