L'Italie va-t-elle bientôt se rendre aux urnes ?
Bien que la Cour constitutionnelle italienne ait partiellement invalidé la réforme de la loi électorale l'an passé, elle n'en reste pas moins applicable sans délai sous sa forme modifiée. Le président italien Sergio Mattarella se trouve donc devant le choix d'organiser des élections anticipées cette année, compte tenu de la crise gouvernementale, ou d'attendre la fin de la législature en 2018. La presse italienne tente d'exposer les enjeux des deux options.
L'Italie entre ingouvernabilité et paralysie
Organiser des élections anticipées ou attendre 2018 : c'est le choix délicat qui se pose à l'Italie, commente La Repubblica :
«Le pays peut emprunter la voie préconisée par [l’ex-Premier ministre Matteo] Renzi, et organiser des élections anticipées. Dans ce cas, le pays risque d’être ingouvernable. Car avec le Legalicum [droit électoral actuellement en vigueur], personne ne peut l’emporter. Aucun parti n'est en mesure d'atteindre les 40 pour cent [fixés par les juges constitutionnels pour obtenir la majorité parlementaire automatique]. … Le pays peut également choisir l’autre voie, celle à laquelle aspire le président Sergio Mattarella : mener l’actuelle législature à son terme. … Le cas échéant, l’Italie serait menacée de paralysie, compte tenu de la précarité des équilibres politiques actuels. Malgré toute sa bonne volonté, que pourrait bien faire d’ici 2018 le Premier ministre Paolo Gentiloni, menacé par l’épée de Damoclès de la crise bancaire et [des négociations sur le déficit avec] Bruxelles ? Pas grand-chose.»
Par où passe la ligne de démarcation italienne ?
La Stampa présente les partisans et les pourfendeurs d’élections anticipées en Italie :
«Sont favorables à des élections anticipées [l’ex-Premier ministre social-démocrate Matteo] Renzi, [le chef du Movimento Cinque Stelle Beppo] Grillo, [le chef de la Lega Nord Matteo] Salvini ainsi que Giorgia Meloni [du parti populiste de droite Fratelli d'Italia]. … Derrière le front formé par ceux qui ne veulent pas se rendre aux urnes avant 2018, on trouve en revanche ceux que d’aucuns désignent encore comme des 'forces puissantes' : une partie du Vatican, les représentants d’importants pays européens, la banque centrale Bankitalia, les directeurs d’établissements financiers italiens, les observateurs de banques d’affaires étrangères et [l’organisation patronale] Confindustria. Ce groupe a peur que l’Italie ne rechute, bien que ces dernières années, elle ait su mener d’importantes réformes.»