Le pari fiscal de Trump peut-il marcher ?
Le président américain Donald Trump affirme vouloir mener "la plus vaste réforme fiscale de l'histoire" afin de relancer l'économie. Le ministre des Finances Steven Mnuchin et le premier conseiller économique Gary Cohn ont présenté mercredi le projet, qui prévoit notamment des baisses d'impôts pour les entreprises et pour les plus riches. Si certains éditorialistes aimeraient que l'Europe s'inspire de cette initiative, d'autres la jugent irréaliste.
Un projet louable
La politique de baisse d’impôts choisie par Donald Trump est la bonne et devrait être reprise par les dirigeants britanniques, commente The Daily Telegraph :
«Après les revers essuyés quant au l'interdiction de voyage pour les musulmans, la construction d’un mur à la frontière mexicaine et la réforme du système de santé de son prédécesseur, Trump aura-t-il plus de succès sur la fiscalité ? Cela reste à voir. Dans ce cas là, l’orientation est la bonne. Même si Trump ne devait parvenir à faire passer au Congrès que la moitié de ses projets, il aurait quand même réussi à ouvrir la voie à d’énormes baisses d’impôts pour les entreprises et les salariés aux Etats-Unis. … Avant le lancement de la prochaine campagne électorale, la Grande-Bretagne peut en prendre de la graine. Tandis que les Etats-Unis privilégient une baisse de la fiscalité, notre pays risque de prendre la direction opposée.»
Le carton rouge des républicains
Cette nouvelle tentative de Trump risque d’échouer comme celle d’annuler l'Obamacare, écrit Le Temps :
«Le système fiscal envisagé priverait les finances publiques de 2200 milliards de dollars de revenus sur dix ans, selon le think tank The Tax Foundation. Pour compenser ce coût abyssal, Donald Trump compte sur la croissance. Il vise plus de trois pour cent par an à brève échéance. Mais sa vision d’un cercle vertueux – en payant moins d’impôts, les entreprises dégageraient davantage de bénéfices et donc de recettes fiscales – ne convainc pas certains représentants de son parti. Les républicains les plus attachés à l’orthodoxie budgétaire craignent une explosion du déficit public. … Le président Trump risque donc une répétition du mécanisme à l’origine de son échec sur l’Obamacare. C’est-à-dire de se heurter à l’opposition de membres de son propre camp.»
Trump attise la concurrence fiscale internationale
Trump veut marquer des points avec sa réforme sur le plan national, analyse Corriere della Sera :
«Il tente ainsi de donner un peu de substance au bilan famélique de ses 100 premiers jours de mandat. Ce plan est toutefois loin d’être improvisé : c’est le fruit du travail de ses collaborateurs issus de la banque Goldman Sachs (le conseiller économique Gary Cohn et le ministre des Finances Steven Mnuchin). Si le Congrès devait approuver la réforme, il faut s’attendre à d’importantes répercussions au niveau international. … Car avec un impôt sur les sociétés de 15 pour cent aux Etats-Unis, les autres pays, notamment ceux de l’UE, renonceront à leur projet de soumettre à l’impôt les profits internationaux des multinationales américaines (comme Apple). Car celles-ci rentreraient alors aux Etats-Unis. Des fonds qui seraient alors réinvestis aux Etats-Unis et qui créeraient des emplois – tel est en tout cas le calcul de Trump. Cet espoir est peut-être illusoire, mais il est certain que le reste de la planète ferait face aux effets de cette concurrence accrue en matière d’impôts sur les sociétés.»