Salvini veut recenser les Roms

Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, du parti d'extrême droite Ligue, veut recenser les Roms du pays et expulser tous ceux qui ne disposent pas de titres d'identité italiens. Le Président du Conseil, Giuseppe Conte, du Mouvement 5 Etoiles (M5S), et la Commission européenne ont rappelé qu'une telle mesure serait anticonstitutionnelle. Les journalistes font part de leur indignation et espèrent que le projet sera retoqué.

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Jutarnji list (HR) /

Le gouvernement italien dépasse les bornes

Le projet du gouvernement italien ose l'impensable, commente Jutarnji list avec effroi :

«Il paraît tout bonnement monstrueux de recenser les Roms, puis 'd'expulser les Roms étrangers et de garder, malheureusement, les Roms italiens', comme l'a dit Salvini. Si l'on commence ainsi, où s'arrêtera-t-on ? Sera-ce ensuite le tour des noirs et des musulmans ? ... Ce recensement est une provocation s'il reste à l'état de projet, une humiliation s'il est mis en œuvre, un crime s'il mène à l'expulsion des Roms 'étrangers' - qui sont pour la plupart des citoyens de l'UE. ... Nous pensions tous que l'histoire ne pouvait se répéter ; le gouvernement italien est en train de nous prouver le contraire.»

El País (ES) /

Une première depuis Mussolini

L'ampleur de la discrimination que constituerait le recensement et l'expulsion des Roms rappelle les chapitre les plus sombres de l'histoire italienne, souligne El País dans son éditorial :

«Il n'y a jamais rien eu de comparable en Italie depuis l'adoption des lois raciales par le dictateur Benito Mussolini en 1938. L'affaire est si grave que la communauté juive italienne a officiellement protesté, tandis que Bruxelles a rappelé à Salvini que l'Italie était tenue de respecter les règles communautaires, y compris celles relatives à l'Etat de droit. ... Si la crise migratoire est le terrain de prédilection des extrémistes, les responsables politiques doivent être conscients qu'il y a des limites qu'aucune démocratie ne saurait transgresser. Et Salvini vient de le faire.»

La Stampa (IT) /

Conte et l'UE feront contrepoids

Le quotidien La Stampa chercher à rester positif :

«Il y a deux bonnes nouvelles pour ceux qui craignent que l'on passera l'été à attendre, en retenant notre souffle, la prochaine annonce de Salvini : sur les migrants hier, sur les Roms aujourd'hui, Dieu sait sur quoi demain. D'abord, le temps des annonces est révolu. Le Conseil européen se réunira dans huit jours pour évoquer l'immigration et les réfugiés, la croissance et la défense de notre épargne. ... L'autre bonne nouvelle, c'est l'attitude de notre Premier ministre avant ce sommet. Il ne compte pas jouer la carte de la propagande pour rejeter ensuite la responsabilité d'un échec sur l'Europe. Il semble avoir à cœur de revenir de Bruxelles avec des résultats concrets.»