Les Russes appelés à se prononcer sur les noms de leurs aéroports

En Russie, une consultation en ligne menée à grand frais vient de s'achever. Dans tous le pays, les citoyens étaient appelés à renommer 47 aéroports en choisissant parmi des personnages historiques. Mais l'avis du peuple russe compte-il vraiment ?

Ouvrir/fermer tous les articles
Ekho Moskwy (RU) /

La voix du peuple n'est jamais écoutée

En Russie, les citoyens ne peuvent s'exprimer que sur des sujets sans aucun intérêt, déplore l'ex-candidate à la présidentielle, Ksenia Sobtchak, dans Ekho Moskvy :

«Récemment, le pouvoir a tout fait pour empêcher la tenue d'un référendum sur la réforme des retraites. Ces vingt dernières années, il n'y a eu aucun référendum national. Mais lorsqu'il est question des aéroports, on peut discuter, débattre et se disputer à loisir. ... Mais qu'en est-il des guerres larvées menées par notre pays ? C'est un tabou. La torture en prison ? Taboue. Les prisons politiques ? Encore taboues. Les sujets creux et sans aucun intérêt ? OK, pas de problème ! C'est un miroir aux alouettes. Car le pouvoir ne laisse les citoyens décider de rien. Il a peur que ceux-ci lui contestent le monopole du pouvoir. ... Il s'attache ainsi à éradiquer totalement le militantisme naissant de la société civile.»

Wedomosti (RU) /

A la fin, c'est toujours Poutine qui gagne

Vedomosti souligne que Poutine a toujours le dernier mot, même dans les décisions de moindre importance :

«C'est une belle métaphore de la démocratie russe : les citoyens n'ont le choix qu'en apparence, car au final, les dirigeants décident toujours, eux qui croient pouvoir trancher sur toutes les questions, fussent-elles subalternes. La vidéo postée sur YouTube, dans laquelle un amiral de l'enclave de Kaliningrad ordonne à un matelot de voter pour le maréchal Alexandre Vassilievski plutôt que pour le philosophe Emmanuel Kant [natif de l'ancienne capitale de Prusse orientale], n'est qu'une partie infime de la pression administrative invisible exercée pour obtenir le résultat voulu, même s'il ne s'agit que d'un simulacre de scrutin. Pour la petite histoire, c'est l'impératrice Elisabeth Petrovna qui s'est imposée à l'aéroport de Kaliningrad.»