Un référendum pour sauver l'Etat de droit roumain ?

Le président roumain, Klaus Iohannis, a évoqué mardi la possibilité d'organiser un référendum le 26 mai pour consulter les citoyens sur la politique judiciaire controversée du gouvernement. La Cour constitutionnelle lui a donné son feu vert la semaine dernière pour coupler cette potentielle consultation au scrutin des européennes. La presse roumaine évoque les opportunités et les risques d'une telle manœuvre.

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Revista 22 (RO) /

Enfin un moyen de mettre le holà à Dragnea

Si le peuple se prononçait en faveur d'une interdiction de travailler pour les politiques entachés d'antécédents judiciaires, le chef de file du PSD, Liviu Dragnea, serait en fâcheuse posture, commente Revista 22 :

«Dragnea - déjà condamné et titulaire d'une haute fonction de l'Etat - serait la principale victime de la campagne électorale et du référendum. Il ne pourrait plus se présenter à la présidence du pays, ni se maintenir au poste de président de l'Assemblée. Si le référendum remportait une majorité, ce qui est le scénario prévu, Dragnea serait contraint de prendre les devants en décrétant, par une ordonnance d'urgence, une amnistie et une grâce [pour les politiques corrompus]. Ceci déclencherait une grave crise politico-sociale et scellerait sa défaite à toutes les élections à venir.»

Moise.ro (RO) /

Attention au retour de flamme

Un tel référendum comporte des risques, prévient l'économiste Moise Guran sur son blog :

«Le président peut-il demander si la justice doit être totalement indépendante de la politique, ou s'il faut supprimer le parquet chargé d'enquêter sur les hauts fonctionnaires ? ... S'il faut donc mettre en œuvre tout ce que réclame l'UE par le biais du mécanisme de contrôle et de coopération, et tout ce que le gouvernement PSD occulte ? On s'expose à des risques considérables. Car si le peuple se prononçait contre le mécanisme, ou encore contre des dispositions prévues par le traité d'adhésion de la Roumanie à l'UE, alors le référendum se transformerait en une sorte de consultation sur l'adhésion à l'Union. Une perspective extrêmement dangereuse.»