Débat sur l'OTAN : rencontre Macron/Stoltenberg
Avant le sommet de l'OTAN la semaine prochaine à Londres, le président français, Emmanuel Macron, et le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, se sont rencontrés jeudi à l'Elysée. L'occasion pour Macron de renouveler ses critiques de l'alliance. Les éditorialistes souhaitent eux aussi un débat sur l'avenir de l'organisation.
Où est l'ennemi commun ?
A l'occasion du 70e anniversaire de l'alliance, il est temps que le pacte nord-Atlantique, dont la lutte anticommuniste constituait le socle commun, songe à une réorientation, analyse La Vanguardia :
«Il ne s'agit pas d'une gentille petite réunion où l'on soufflera ensemble les 70 bougies du gâteau. Le monde entier cherche dès maintenant à déterminer l'agenda et à influer sur les décisions de ce sommet potentiellement historique. ... Macron a posé plusieurs questions importantes et pertinentes en amont. De qui l'OTAN doit-elle nous défendre en 2019 ? Quel est l'ennemi commun ? L'un des Etats membres de l'alliance, la Turquie, a-t-elle encore sa place dans le club après son offensive dans le nord de la Syrie ? Paris souhaite que l'attention de l'OTAN se porte moins sur les menaces chinoises ou russes et davantage sur la lutte contre le djihadisme.»
Certains refusent de comprendre
Certains membres de l'OTAN refusent de comprendre le raisonnement de Macron, qui avait évoqué la "mort cérébrale" de l'UE :
«La première raison essentielle est l'absence totale de coopération stratégique sérieuse entre les commandants américains et les soldats obéissants de l'UE. Il en résulte une course aveugle vers une nouvelle guerre froide avec la Russie et la création d'un ennemi intérieur sous la forme de la Turquie. ... Affirmer que l'offensive turque en Syrie serait une preuve des graves difficultés stratégiques et politiques de l'OTAN est tout aussi valable. Car il ne faut pas oublier qu'en Syrie, Ankara n'a fait que répéter le cavalier seul des Etats-Unis et qu'elle se défend contre les critiques et les doubles standards de l'OTAN, en cherchant à bloquer la stratégie anti-russe. Allez trouver dans tout ce fatras un cerveau sain et vivant.»
La désunion franco-allemande
De l'avis du quotidien pro-AKP Sabah, l'OTAN n'aura pas grand-chose à célébrer à Londres :
«Les divergences entre la France et l'Allemagne ne font qu'aggraver les problèmes internes de l'alliance. Ces divergences ont commencé à se faire jour il y a trente ans, après la chute du mur de Berlin. Macron s'interroge sur le rôle de l'OTAN quant à la défense de l'Europe. Il insiste vivement sur la nécessité qu'il y a, selon lui, à renforcer l'UE militairement et en matière de technologie de défense. Cette proposition donnerait à la France, après le Brexit, la possibilité de dominer l'UE sur le plan militaire. Alors que Trump appelle les Etats membres à respecter leurs engagements et à consacrer au moins deux pour cent de leur budget aux dépenses militaires d'ici 2030, Merkel remet cette exigence à plus tard et lui rétorque que l'OTAN doit coopérer davantage avec les pays européens.»