Assassinat de Soleimani : comment l'Europe doit-elle réagir ?

Le gouvernement américain a préparé et effectué l'attaque de drone contre le général iranien Ghassem Soleimani sans consulter préalablement ses alliés en Europe et au sein de l'OTAN. Les éditorialistes voient l'Europe tiraillée entre le respect de ses alliances et le souhait de s'affirmer sur le plan politico-diplomatique.

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Postimees (EE) /

Difficile d'aller dans le sens de Washington

Postimees s'inquiète du cavalier seul de la Maison-Blanche et juge que les rapports entre l'Europe et les Etats-Unis risquent d'en pâtir :

«Donald Trump est loin d'être le premier président américain à avoir commencé des guerres. Dans ce type de décisions, les pays européens ont toujours soutenu le 'premier violon' de la sécurité occidentale. Parfois de manière prudente ou tacite, mais c'était un soutien. Or jamais auparavant un président américain n'avait pris de décisions susceptibles de mener à la guerre de façon aussi péremptoire et non concertée. ... Ce qui explique les réactions timorées des puissances européennes à l'assassinat de Soleimani. Si timorées que le ministre américain des Affaires étrangères, Mike Pompeo, a dû appeler la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne à se montrer plus prompts à aider Washington.»

La Repubblica (IT) /

Les armes parlent, l'Europe se tait

L'Europe est contrainte d'assister sans rien dire au cavalier seul américain, déplore Andrea Bonanni, correspondant de La Repubblica à Bruxelles :

«Quelques semaines après avoir célébré à Londres le 70e anniversaire de l'OTAN, que Macron juge en état de 'mort cérébrale', le président américain vient de mener la planète au bord d'une guerre catastrophique, sans avoir pris la peine de consulter son propre Parlement ou ses alliés européens. ... Il faut donc prendre conscience du fait que nous sommes seuls, et que cet isolement génère une position de faiblesse diplomatique. ... Il reviendra aux électeurs américains de décider dans un an, et, espérons-le, sans immixtion étrangère cette fois-ci, si le monde occidental divisé peut resserrer les rangs. D'ici là, ce seront les armes qui auront la parole dans le monde. Et l'Europe sera contrainte de regarder sans rien dire.»

wPolityce.pl (PL) /

Ne pas rompre avec les Etats-Unis

Pour wPolityce, il ne faut pas que les Européens sympathisent avec les ennemis des Etats-Unis :

«Avec l'escalade du conflit au Proche-Orient, la gauche internationale et une partie significative de la droite se remettent à entonner le refrain de l'Amérique déplorable, agressive et violente, sans laquelle, de leur point de vue, nous serions mieux lotis. ... Il ne faut toutefois pas oublier qu'un monde dans lequel la domination américaine serait révolue ou du moins fortement restreinte représenterait un péril considérable pour des pays comme la Pologne. Une nouvelle superstructure hégémonique ou un nouveau leader mondial (ce rôle ne pouvant échoir qu'à la Chine) ne renforceront pas notre indépendance de la même manière qu'y contribuent les Etats-Unis. Ce n'est pas nouveau : sans le président Reagan, le communisme aurait encore pu durer plusieurs décennies.»