L'Italie dit non aux milliards de l'UE

Le gouvernement italien a annoncé qu'il n'accepterait pas les 39 milliards d'euros du programme d'aide de l'UE contre le coronavirus. Le secrétaire d'Etat à l'Economie, Antonio Misiani, a indiqué que son pays solliciterait uniquement le fonds pour le chômage partiel et les prêts de la Banque d'investissement européenne. Quelles sont les raisons de ce rejet ?

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Corriere della Sera (IT) /

L'Italie, otage des populistes ?

Les investisseurs boudent les titres obligataires italiens, ce qui fait augmenter les taux d'emprunt. Dans Corriere della Sera, le journaliste économique Federico Fubini compare la situation à celle de l'Espagne et incrimine la politique italienne :

«En Espagne, la prime de risque des emprunts d'Etat sur dix ans est moitié moins élevée qu'en Italie. Pourtant, les deux pays sont autant affectés par la pandémie, font l'objet des mêmes décisions européennes et subiront des récessions d'une même ampleur. ... La différence doit donc être au niveau politique. Les gouvernements, dans les deux pays, résultent de coalitions complexes et fragiles, mais seule l'Italie a amorcé un débat sur le MES. Un débat qui, du point de vue du marché et des autres capitales, n'a qu'un seul effet : rappeler que la politique italienne peut toujours être l'otage des souverainistes et de leur conception des réalités.»

Der Tagesspiegel (DE) /

Les coronabonds pour faire barrage à Salvini

Der Tagesspiegel, pour sa part, comprend tout à fait la position de l'Italie :

«L'Italie et avec elle d'autres nations comme la France et l'Espagne n'attendent pas de l'UE l'aumône du MES - car c'est ainsi qu'ils perçoivent le programme d'aide - mais une solidarité réelle, sous la forme de coronabonds remboursables et dédiés, dont les Etats membres assureraient ensemble la responsabilité. ... Le refus de l'Allemagne, des pays-Bas et de l'Autriche de recourir à cette forme de solidarité européenne, en dépit d'une situation d'urgence inédite, déçoit en Italie jusqu'aux europhiles les plus convaincus. Mais surtout, cette posture amène de l'eau au moulin des populistes de droite et des europhobes façon Matteo Salvini. ... Avec le litige sur les coronabonds, celui-ci a refait surface. ... De ce point de vue, des obligations européennes communes seraient donc aussi des obligations 'anti-Salvini'.»